L’entretien

SARA GIRAUDEAU

« Je suis fidèle aux lieux que j’aime. »

Enfant de la balle, la comédienne Sara Giraudeau n’est pas seulement l’espionne faussement ingénue de la série Le bureau des légendes. Sa famille, son métier l’ont aussi emmenée de la France à la Casamance, du Maroc à l’Ukraine. Elle nous raconte sa vie en voyages. 

BIO EXPRESS

1er août 1985 : Naissance à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), fille des comédiens Annie Duperey et Bernard Giraudeau.

1996 : premier rôle dans « Les Caprices d’une fleuve », réalisé par son père, Bernard Giraudeau. 

2002 : Baccalauréat littéraire et école d’art dramatique Jean Périmony à Paris.

2007 : Molière de la révélation théâtrale dans « La Valse des pingouins » de Patrick Hautdecoeur.

2013 : Elle joue la romancière américaine Zelda Sayre dans la pièce « Zelda et Scott » de Renaud Meyer.

2015 : Elle incarne l’espionne Marina Loiseau, alias Rocambole, dans la série de Canal + « Le Bureau des Légendes », réalisée par Eric Rochant (saisons I à IV).

2018 :  César de la meilleure actrice pour son second rôle dans le film Petit Paysan, de Hubert Charuel. Réalisation d’un documentaire sur Le Rire médecin, association dont elle est marraine depuis 8 ans. 

BIO EXPRESS

1er août 1985 : Naissance à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), fille des comédiens Annie Duperey et Bernard Giraudeau.

1996 : premier rôle dans « Les Caprices d’une fleuve », réalisé par son père, Bernard Giraudeau. 

2002 : Baccalauréat littéraire et école d’art dramatique Jean Périmony à Paris.

2007 : Molière de la révélation théâtrale dans « La Valse des pingouins » de Patrick Hautdecoeur.

2013 : Elle joue la romancière américaine Zelda Sayre dans la pièce « Zelda et Scott » de Renaud Meyer.

2015 : Elle incarne l’espionne Marina Loiseau, alias Rocambole, dans la série de Canal + « Le Bureau des Légendes », réalisée par Eric Rochant (saisons I à IV).

2018 :  César de la meilleure actrice pour son second rôle dans le film Petit Paysan, de Hubert Charuel. Réalisation d’un documentaire sur Le Rire médecin, association dont elle est marraine depuis 8 ans. 

« C’était en 1992, j’avais 7 ans. Cette année-là, mes parents avaient emmené la famille en vacances aux Seychelles, dans l’océan Indien. Un truc d’Européens ultra-privilégiés, mais je n’en avais pas vraiment conscience à l’époque. Ils avaient loué une vieille maison en bois au bord d’un lagon, dans un coin idyllique, totalement désert. Nous avons fait une sortie de quelques jours en mer en catamaran. Un soir, je me suis endormie sur le pont du bateau, juste à côté de mon père et de mon oncle qui pêchaient. Je me souviens de la température parfaite sur ma peau, de la douceur de la nuit. Vers 3 heures du matin, leurs cris m’ont réveillée. Ils avaient fait une grosse touche avec leur canne à pêche – peut-être un requin – et étaient excités comme des gosses. Et puis finalement, après beaucoup d’agitation, la canne a cassé et le requin a filé… Mais je n’ai jamais oublié ce moment. Dans mon demi-sommeil de petite fille, j’avais vécu ma première grande aventure! »

« L’action du film se déroulait au Sénégal, à l’époque de la Révolution française. Mais pour être franche, je n’y ai joué qu’un tout petit rôle, et la scène où j’apparais a été prise à Paris. En revanche, j’ai rejoint mon père quelques jours sur le tournage. L’équipe était installée dans un désert au milieu des dunes, près de Saint-Louis du Sénégal. Comme il s’agissait d’un film d’époque, le dresseur Mario Luraschi était sur place, avec des chevaux dressés pour le cinéma. Moi j’étais une gamine, j’adorais l’équitation. Il m’a dit : “Prends-en un, indique-lui juste où tu veux aller, une petite pression suffira. Si tu fais le même trajet une deuxième fois, tu n’auras plus rien à faire, il le fera tout seul”. Et c’est exactement ce qui s’est passé. On a galopé tous les deux dans le désert, libres comme l’air! J’avais l’impression d’être sur un tapis volant. Je n’aurais jamais imaginé qu’il existait des chevaux aussi bien dressés. Mon plus beau souvenir de ce film n’a jamais été fixé sur la caméra, il n’appartient qu’à moi, donc! »

« C’est vrai que j’aime voir du pays, mais je ne me considère pas comme une aventurière. Je suis plutôt fidèle à certains lieux que j’aime. Mon père était un vrai baroudeur, toujours à chercher les limites, à se dépasser, à nous emmener crapahuter mon frère et moi. Presque trop, parfois! Ma mère, elle, avait plutôt le don pour dénicher des endroits magiques et s’y attacher. J’étais encore bébé quand elle a découvert un de nos petits paradis : un hôtel de quelques paillottes, sur une plage sauvage du cap Skirring, en Casamance. A l’époque, c’était une sacrée expédition d’arriver jusque là! Depuis, nous sommes retournés bien des fois à La Paillotte, l’hôtel a grandi, les propriétaires sont aujourd’hui des amis et c’est devenu comme un second “chez moi”. L’endroit est resté très authentique. La nature est omniprésente. Il n’y a pas de piscine, juste l’océan. Les vaches viennent se rafraîchir au bord des vagues. Quand j’y vais, avec mon compagnon, mes filles, on fait de grandes balades sur la plage, on va danser au son du tam tam au village… Là-bas, je reste à chaque fois scotchée par la lumière, les couleurs, l’énergie que déploient les gens malgré leur pauvreté. Tous ces micro-commerces qui poussent sur la plage, la prestance des femmes, leurs boubous éclatants. Le hic, c’est que l’argent pollue un peu les rapports. En Afrique, il y a toujours ce mélange étrange entre la chaleur humaine et la considération pour le statut social ».

« On a parlé de la Casamance. Il y a aussi la Creuse, où nous avons une maison de famille, une vieille ferme retapée pendant des années par mes parents. Une trouvaille de mon père, cette fois! C’est très bovin, comme coin (rires). Il y a des collines, des rivières, des petites routes pour se balader à vélo, des vaches dans les prés. J’aime ce côté authentique. C’est comme si rien n’avait bougé depuis le temps de la guerre. Comme lorsque j’étais gamine, je m’invente des histoires de gens qui ont trouvé refuge dans les fermes en ruines. Ce décor me fait bien plus rêver que l’ambiance agrico-industrielle de la Haute Marne, que j’ai découverte lors du tournage de « Petit Paysan », de Hubert Charuel. Paris compte aussi beaucoup pour moi, et en particulier le XIVe arrondissement et le quartier de la rue Daguerre, où j’ai grandi et où je vis encore avec ma famille. Ici, c’est un peu la province : on est rive gauche, loin du centre, loin du bruit, les gens aisés et moins aisés se mélangent en douceur et ne font pas trop attention à leur look. C’est comme un village! Mais Paris, pour en profiter, il faut que je la quitte et que j’y revienne ».

« Mon métier m’amène à faire des voyages que je n’aurais jamais fait spontanément. Les quatre premières saisons de la série télévisée Le Bureau des Légendes, créée en 2015 par Eric Rochant m’ont fait pas mal bourlinguer (ndlr : Sara y incarne Rocambole, une jeune espionne des services secrets français, prétendument chercheuse en sismologie). Certaines scènes, censées se dérouler en Iran, ont par exemple été tournées au Maroc, un pays que m’avait fait découvrir mon père à l’adolescence, lors d’un road-trip magnifique sur la côte Atlantique. Lors du tournage, c’était forcément moins authentique et je ne suis pas tombée amoureuse de Casablanca et Rabat. Mais je me rappelle précisément de scènes tournées au petit matin à l’aube dans les montagnes de l’Atlas, à 2500 mètres d’altitude. Pour le décor majestueux, bien sûr, mais aussi parce que je jouais avec de jeunes acteurs iraniens, recrutés spécialement. Mon coach iranien m’avait transcrit en phonétique mes répliques en farsi et je les avais apprises par coeur. Se frotter ainsi à une langue étrangère, à ses intonations, à sa grammaire, c’est aussi un voyage! »

« Toujours pour Le Bureau des Légendes, j’ai effectivement passé un mois et demi à Kiev. A mes heures libres, je me baladais à pied et en métro. Et surprise : alors que je me faisais de cette ville une image triste et grise, je l’ai trouvée très vivante et attachante. Pour le coup, les rapports avec les habitants m’ont semblé sincères, pas du tout altérés par le fait que j’étais une touriste de passage. Au marché aux puces, on me faisait payer le prix normal, par exemple. Je me souviens de cette vieille dame, à qui j’achetais des blouses brodées pour mes filles : elle m’embrassait les mains pour me remercier, j’étais très émue. Quand je suis rentrée en France, avec une valise pleine de broderies, de pulls tricotés, de foulards à fleurs, de poupées de porcelaine, j’ai eu l’impression de rapporter une culture avec moi… »

« Je suis bien sûr curieuse des pays où m’emmèneront mes prochains  tournage.  Mais j’attends aussi que mes filles grandissent, pour les emmener à mon tour en voyage. Pour l’instant, elles ont 2 et 7 ans, il est encore trop tôt. Je crois qu’il faut donner du temps aux enfants, les laisser porter par ce qu’ils voient autour d’eux, sans leur imposer notre rythme d’adultes, sans se dépêcher. Du coup, les voyages où l’on peut se poser tout en s’imprégnant du pays sont les bienvenus, le côté baroudeur reviendra bientôt… »

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