SAINTE-MARIE

Madagascar de poche

Voyage Grand format

DES PLAGES VIERGES, UN LAGON BLEU POUR BALEINES EN MAL D’AMOUR, DES TOMBES DE PIRATES DANS LA JUNGLE… JE VOUS SALUE SAINTE-MARIE !

Sur la pelouse de l’aéroport, un jardinier zélé a taillé cette inscription en lettres d’herbe : « Bon vol, mon frère ! ». Pas le temps de rigoler, le char à zébu piaffe déjà à la sortie. Quoique piaffer soit un grand mot : le zébu est lent et son rythme mora mora, tout doux, tout doux, colle comme un gant à la petite île sur laquelle nous venons d’atterrir : Sainte-Marie pour les Français, Nosy Boraha pour les Malgaches. Un confetti de 60 km par 5 posé au nord-est de Madagascar et semé de plages vierges, de forêts et de mangroves. 

L’histoire écrite de l’île commence en 1693, quand un certain Thomas Tew y débarque, à bord de son vaisseau l’Amity.

Muni d’une lettre de marque de la reine d’Angleterre, il se prétend corsaire. La belle Antavaratra Rahena, la reine locale, tombe sous le charme et lui donne bientôt un fils métis. De l’île, idéalement située sur la route des Indes, Thomas Tew fait sa base secrète pour piller les navires passant au large. Il amasse ainsi une coquette fortune en or, pierres précieuses, ivoire, argent… Il y fonde aussi Libertalia, la République des forbans, qui étend son influence de Foulpointe à la Baie d’Antongil, sur la côte nord-est de Madagascar. A Libertalia, pas d’esclaves. Chaque individu, sans distinction de nationalité, de noblesse et de couleur, est égal à son prochain.

PARTIR A SAINTE MARIE

Avec  Air Madagascar et le Princesse Bora Lodge & Spa, qui propose des séjours actifs sur l’île : sortie observation des baleines avec l’association Megaptera, plongées sous-marines, balades en pirogue, en moto, en vélo…

Survol au-dessus du lagon de Sainte-Marie

Une baleine à bosse en pleine parade nuptiale.

La seule obligation est de répondre à l’appel pour attaquer les bateaux marchands. Durant un siècle, plus de 1500 pirates vont ainsi refaire leur vie à Sainte Marie, dont quelques stars de la flibuste : David Williams, William Kid, Nathaniel North, La Buse ou Plantain… Un épisode qui s’achève en 1750, quand la dernière princesse de l’île cède son fief au roi français Louis XV.

Revenue en 1960 dans le giron de la République de Madagascar, Sainte-Marie coule aujourd’hui des jours paisibles, rythmés par la saison des baleines à bosse, qui reviennent chaque année s’accoupler dans ses eaux tièdes. «Pendant l’hiver austral, elles migrent depuis l’Antarctique et se retrouvent par centaines dans le canal qui sépare l’île de Madagascar », explique François-Xavier Mayer, propriétaire du Princesse Bora Lodge & Spa. Blottissant ses villas de bois entre plage et océan, ce lodge stylé est le QG local de l’association d’observation et de protection des mammifères marins Megaptera, qui fonctionne sur la base du volontariat et vit des revenus générés par l’écotourisme. « Notre mission consiste à identifier chaque individu, pour défendre les sanctuaires auprès de la commission baleinière internationaleIl faut aussi sensibiliser la population locale à la protection des baleines : même si les Malgaches y voient l’esprit de leurs ancêtres, ils sont réceptifs aux avantages procurés par certains pays-pêcheurs.  

Pascale Desclos journaliste portrait

Le mot de Pascale

« Restée à l’écart des grands circuits touristiques, l’île de Sainte-Marie a gardé sa simplicité d’antan. Ici, pas de voiture, on circule à vélo ou en pirogue entre les villages et la nature est omniprésente : c’est le spot parfait pour découvrir la vie à la mode malgache. Mais aussi farnienter à la plage… »

Le Japon, notamment, qui investit localement dans les écoles, les hôpitaux, les routes…». De juillet à octobre, les bénévoles de l’association proposent aussi aux clients du lodge des « sorties baleines » et des débats-conférences animés par des scientifiques. Le lendemain, nous embarquons à bord du puissant bateau à moteur de l’association, cap vers le canal de Sainte Marie. Soudain, l’excitation monte d’un cran : baleines en vue! Là, sous nos yeux, un couple de mastodontes joue dans l’eau noire. Au jugé, le mâle pèse 30 tonnes et mesure 18 mètres. Des nageoires qui frappent l’eau, des « glissé-coulé » de caudales, et quelques sauts spectaculaires : les géantes nous offrent un véritable ballet nuptial. Un micro immergé capte leur chant. On écoute religieusement : les baleines Saint-Mariennes ont, dit-on, un des langages les plus complexes du monde animal.

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Afrique - Madagascar- Sainte-Marie - Arrivée en pirogue sur l’îlot aux Nattes et ses plages idylliques liserées de cocotiers…

Arrivée en pirogue sur l’îlot aux Nattes et ses plages idylliques liserées de cocotiers…

Pour découvrir le reste de l’île, il faut prendre son temps… Une bonne piste ? Embarquer pour l’îlot aux Nattes, à 15 mn de Sainte-Marie. Pas facile de se faire une place sur la longue pirogue en bois de badanier d’Eric, déjà encombrée d’un vélo, de paniers de fruits et de grandes tiges de ravenala, qui servent construire les cases. Mais le paradis mérite bien un effort ! Tout en ramant, le batelier explique comment les Saint-Mariens pêchent avec le fruit du baringtonia, à la curieuse forme de bonnet d’évêque : ils utilisent son noyau pour droguer les poissons. Bientôt, nous débarquons sur une plage au sable blanc comme farine. A nous les coquillages par milliers, le lagon couleur turquoise, les patates de corail où dansent les poissons- clowns, les arbres enguirlandés d’orchidées blanches…

Plus tard, on file à vélo jusqu’à la baie des Forbans. A marée basse, un pont de bois jeté sur la mangrove rejoint la colline et son vieux cimetière. Entre les pousses des palétuviers, la course des crabes gris. Et sur les tombes moussues, des noms de marins et de navires disparus, des épitaphes mystérieuses, un crâne orné de tibias entrecroisés… Dans la baie, gisent d’authentiques vaisseaux-pirates. En 2015, une équipe d’archéologues américains a même remonté un lingot d’argent de 45 kg du supposé-navire du capitaine William Kid, pendu haut et court par les Anglais en 1701, sans avoir révélé la cachette de son butin.

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Afrique - Madagascar- Sainte-Marie - Au coeur de l’île, la jungle déroule bassins, cascades et hameaux enfouis dans la verdure.

Au coeur de l’île, la jungle déroule bassins, cascades et hameaux enfouis dans la verdure.

Avec sa vieille église ornée d’ex-voto de marins normands, ses terrasses de cafés nonchalantes, son monument à l’Indépendance et son terrain de pétanque sous les cocotiers, le bourg d’Ambodifotatra cultive des airs de sous-préfecture des tropiques. Sur le marché, s’empilent bottes de vanille, chapeaux de paille et cuvettes en émail. Une unique route grimpe vers le nord. Après la dernière case de Lokintsy (variante malgache de Louis XV), c’est la piste ! Sur chaque rive de ce ruban de latérite rouge, s’ouvre une jungle touffue de girofliers, poivriers, canneliers et ravenala, l’emblématique arbre du voyageur … C’est là que se cache le caméléon aux couleurs changeantes, la grenouille-tomate et le minuscule lémurien-souris (microcebus), friand de mangues, qui ne sort que la nuit.

Pour les apercevoir, on s’arme de patience ou l’on rend visite au parc Endemika, où les lémuriens-peluches se laissent caresser sans sourciller. Sur le chemin, s’égrainent des villages de cases sur pilotis, d’où s’échappent des grappes d’enfants rieurs. Des femmes à la peau cuivrée pilent le riz, et des chants résonnent ici et là. Stop dans la baie d’Ampanihy, où Louise a ouvert sa table d’hôtes, pour déguster salade de papaye verte et canard à la vanille. Balade en pirogue dans la mangrove, pour aller saluer ibis, aigrettes et hérons, et l’on rentre en longeant l’océan. Comme dans une aquarelle aux doux lavis, un pêcheur jette son filet, là-bas, sur la barrière de corail. Des volutes de fumée bleue montent de la brousse. Le soir tombe sur la paisible Nosy Boraha.

PARTIR A SAINTE-MARIE, DANS L'ARCHIPEL DE MADAGASCAR

Avec Air Madagascar, qui propose des vols Paris CDG/Antananarive avec correspondance pour Sainte-Marie.

Sur place, le Princesse Bora Lodge & Spa offre des séjours actifs sur l’île : plongées sous-marines, balades en pirogue, vélos, motos et quads à disposition des clients. De juillet à octobre, les sorties observation des baleines et les soirées conférences avec l’association Megaptera sont incluses dans le séjour. Pour un plus petit budget, on opte pour Les Villas de Vohilava ou le Masoandro Lodge.   

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