Voyage Grand format
À L’ORIGINE SIMPLE CANALISATION, LE PONT DU GARD EST DEVENU L’UN DES BÂTIMENTS LES PLUS EMBLÉMATIQUES DU GÉNIE ROMAIN.
Il y a quelque chose de magique, de beau, d’imaginaire, quelque chose qui donne envie de sourire, de claquer des mains et de pousser des Ohhhh. Alors que les étoiles gagnent leur firmament, la pierre devient un rêve coloré, le pont se change en lumière. Chaque soir d’été, c’est la même féérie, celle qui anime le Pont du Gard. Et les Romains seraient bien surpris que leur ouvrage soit ainsi glorifié ! Glorifier un dieu, un empereur, certes ! Mais un pont, cela leur paraîtrait parfaitement incongru. Surtout qu’il ne s’agit en rien d’une œuvre d’art. Les Romains si férus d’architecture prestigieuse, ont dressé au-dessus du Gardon un édifice pratique et solide, sans décoration et sans chichi, un pont-aqueduc bien charpenté, aussi esthétique pour eux que l’est une plateforme pétrolière pour nous…
Bref pas de quoi s’ébaudir. Pourtant le Pont du Gard mérite bien qu’on s’y arrête. D’abord parce qu’il est le seul de l’époque romaine à trois étages à avoir résisté au temps et qu’avec ses 48,77 mètres, il est le plus haut pont-aqueduc romain au monde. Il doit également sa renommée à l’ampleur de ses arches : 24,52 mètres pour l’arc central. Le pont est donc une véritable performance architecturale. Mais pas seulement… « Il est impossible de se faire une idée de l’effet produit par ( …) cet arc-en-ciel de pierre qui remplit tout l’horizon, par ces trois étages de portiques qu’ont splendidement doré dix-huit siècles de soleil. » écrit Alexandre Dumas dans ses Impressions de voyagepubliées en 1834.
ROUTE DU PATRIMOINE ANTIQUE
En 2018, le Pont du Gard est l’unique site en France a avoir été retenu pour faire partie de la Route Antique Unesco , composée de huit sites antiques en Europe. Il a ainsi intégré l’une des quatre Routes du patrimoine Mondial de l’Europe nouvellement créées par l’Unesco. Depuis 2004 le site est également détenteur du Label Grand site de France délivré par le Ministère de l’Écologie et du Développement durable.
Chaque été, à la nuit tombée, le Pont du Gard s’embrase des illuminations.
Si forte soit la découverte de « cette magnifique épopée de granit (ndlr : en fait le pont est en calcaire) qu’on appelle le pont du Gard », on ne peut véritablement l’apprécier dans toute sa grandeur que si on comprend qu’il n’est que la partie immergée d’un ensemble beaucoup plus vaste. Un petit retour en arrière s’impose, qui nous plonge en 50 après J.-C. Rome règne alors sur La Narbonnaise, vaste région méridionale de la Gaule dont Nîmes, est l’une des plus belles cités. Nommée Nemausus elle est peuplée de 20 000 habitants. Une ville romaine digne de ce nom ne l’est que si l’eau y coule à flots. Utilitas et amoenitas (l’utilité et l’agrément) comme aiment la qualifier les Romains, l’eau doit égayer les fontaines publiques, alimenter les thermes, rafraîchir les villas, les jardins arborés et les viviers des riches patriciens. Pour Nemausus, la source la plus à même de fournir une quantité d’eau suffisante est celle d’Eure, près d’Uzès, à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau. Pour acheminer le précieux liquide, les Romains ont construit un aqueduc.
« Un lièvre, des phallus (symboles protecteurs chez les Romains), des outils et des signatures… Ce sont quelques-un des pétroglyphes secrets taillés dans les pierres du pont. Ils racontent aussi son histoire. Saurez-vous les découvrir ? »
Pas une ligne droite, mais un long cheminement à travers la garrigue qui épouse au mieux les courbes du terrain afin que l’eau ne coule ni trop rapidement, ce qui endommagerait à terme l’ouvrage, ni trop lentement ce qui favoriserait les dépôts calcaires ; soit un trajet d’une cinquantaine de kilomètres avec une dénivellation moyenne de 25 centimètres par kilomètres ! Sur 90 % de son parcours l’aqueduc est un canal enterré, mais pour enjamber une rivière ou un vallon, il devient un pont ! On compte 19 ouvrages d’art aériens sur tout son cours (ponts, ponceaux, ponts à arcades.)
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Le Pont du Gard reste aujourd’hui la partie la plus visible et la plus célèbre de cet aqueduc qui déversait, aux heures de son plein rendement, 35 000 mètres cubes par jour ! Durant près de cinq siècles, la cité est ainsi alimentée. Mais par manque d’entretien, le débit finit par se réduire au point de ne plus être intéressant. L’Empire romain appartient déjà au passé quand les bâtisseurs médiévaux puisent dans les bâtiments anciens les pierres nécessaires à leurs constructions romanes. La plupart des ouvrages du canal n’échappent pas à la pioche des carriers. Le Pont du Gard lui-même est attaqué sur ses parties terrestres, perdant une douzaine d’arches. Mais ce qui sauvera le pont est que, au prix de larges échancrures dans les piles du premier étage, il permet le passage des hommes et des bêtes d’une rive à l’autre.
Avec la Renaissance, qui se veut celle du renouveau des arts antiques, le pont devient l’un des symboles du génie latin. À partir du XVIIIe siècle, on s’inquiète d’un délabrement qui ne fait qu’empirer. Et dès 1743, les piles sont consolidées alors qu’un pont routier, dont la forme copie l’ancien, est accolé aux arches du premier étage. Le pont du Gard est aujourd’hui inscrit au Patrimoine mondiale de l’Unesco, détient le label « Grand site de France » et se trouve au cœur d’une Reserve de la Biosphère, qui protège la valeur environnementale du site. Une reconnaissance internationale qui attire chaque année plus de 1,5 million visiteurs.
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Vue sur le tablier du pont construit au XVIIIe siècle, qui était destiné au passage des véhicules. Il n’est plus aujourd’hui emprunté que par les visiteurs.
DÉCOUVRIR LE PONT DU GARD
Renseignements : Sur le site officiel du Pont du Gard.
Ouvert toute l’année : Tarifs forfaitaires : 18 € par voiture de 5 personnes. Pour les autres tarifs et les horaires d’ouvertures, en fonction des saisons, consulter le site.
Mise en lumière : Chaque soir d’été, un spectacle de lumières pare le pont de mille feux, mettant en relief la beauté de son architecture. Le spectacle commence avec le crépuscule. Tarif compris dans le billet d’entrée.
A lire. Le pont du Gard de Eric Teyssier (historien) et Thierry Vezon (photographe) Édition Alcide.
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