Pérégrinations rabelaisiennes

Voyage Grand format

LE GRAND RABELAIS A FAIT DE SA TOURAINE NATALE LE DÉCOR DE SON ROMAN « GARGANTUA ». ENTRE BELLES VIGNES ET BONS MOTS, UNE BALADE TOUTE EN SAVEURS.

« Les fouaciers de Lerné passoient le grand carroy, portant dix ou douze charges de fouaces à la ville. Lesdictz bergers (de Grandgousier) les requerirent courtoisement leurs en bailler (vendre) pour leur argent, au pris du marché. Car notez que c’est viande celeste de manger à desjeuner raisins avec fouace fraiche, (…) À leur requête les fouaciers ne furent aulcunement enclinez, mais pire les oultragerent grandement. » C’est à cause de cette histoire de fouace, petit pain brioché safrané garni de noix, que débute, au chapitre 25 des aventures de Gargantua, la guerre Pitrocholine. Si l‘œuvre de Rabelais n’est souvent associé qu’à la bonne chair et à la dive bouteille, on oublie souvent que l’homme fut avant tout un penseur humaniste, grand pourfendeur de la guerre.

François Rabelais situe l’action de son plus célèbre roman,  Gargantua, dans un pays qu’il connaît bien, sa Touraine natale. Plus encore, il fait de sa maison d’enfance La Devinière, le siège de la dynastie de ses géants et des paysages alentours, les hauts-lieux de sa dénonciation de la guerre. La Devinière où il a très certainement vu le jour en 1483 ou 1494  existe toujours. Située à 7 km de Chinon, cette « maison des champs » est aujourd’hui le seul musée consacré à François Rabelais. Bâtie au XVe siècle, elle a conservé son allure de riche maison de campagne. « Son père était avocat au siège royal de Chinon. La Devinière était une métairie, une ferme de rendement, où François comme ses frères et sa sœur ont passé leur prime enfance.» souligne Alain Lecomte, conservateur du site.

Dans la grande salle du rez-de-chaussée, Rabelais situe les banquets de Grandgousier, le père de Gargantua et dans les étages, le mobilier des chambres évoque l’univers de l’auteur. Il ne faut pas manquer les caves troglodytes. Les anciennes carrières d’où fut extrait le tuffeau nécessaire à la construction de la maison, ont été aménagées dès le XVe pour le vigneron, les animaux et bien sûr le vin. « La vigne est très  importante dans son œuvre et pour commencer elle est le lieu de la rixe entre les bergers et les fouaciers.,

LE BON GUIDE

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La Devinière, située à quelques kilomètres de Chinon et maison natale de Rabelais est aujourd’hui le seul musée dédié à cet immense auteur.

C’est pourquoi nous avons planté une vigne en 2004, explique le conservateur. Elle est un trait d’union entre la maison, l’œuvre et le paysage. » Autre trait d’union, le chemin d’interprétation qui depuis la Devinière permet de découvrir les lieux cités par l’auteur comme les châteaux du Coudray-Montpensier, de la Roche-Clernaut et l’abbaye de Seuilly. Là se tint la fameuse victoire de frère Jean des Entommeurs, fidèle compagnon de Gargantua et qui abattit à lui seul 13622 soldats « Les uns mouroient sans parler, les autres parloient sans mourir, les uns mourroient en parlant, les autres parloient en mourant ». A travers son écriture que l’on peut qualifier de burlesque, l’auteur de la fameuse sentence « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »  interroge non seulement son époque, mais aborde des thèmes toujours actuels comme la guerre, l’éducation ou l’importance des sciences. « Malheureusement, regrette amèrement le conservateur, cet immense auteur n’est plus enseigné aujourd’hui, ni au collège, ni au lycée.»

Notre voyage en Rabelaisie se poursuit à Chinon « ville noble, ville antique, voire première du monde ». Pourtant la cité a longtemps ignoré Rabelais, le trouvant peut être trop sulfureux. Il faut attendre la Révolution et surtout les romantiques de la fin du XIXe pour que la ville honore son auteur. C’est au pied de sa statue que commence notre city-tour. Inaugurée en 1882, elle le présente en habit, stylo en main, hommage à l’homme de science et de lettres qu’il était.

Le mot de Jean-Philippe

"C’est toujours pareil, lorsque l’on visite la demeure d’un grand auteur, on se promet de le lire ( Je ne dis pas "relire" car ce ne sont pas les quelques extraits lus dans je ne sais quelle classe…). Evidemment je ne l’ai pas (encore) fait. Mais si j’ouvre un jour Gargantua, j’aurai en tête l’incroyable pigeonnier de la Devinière, l’étendue des vignes du clos et la saveurs des fouaces. En mettant mes pas dans les siens même pour quelques heures et en croisant des gens qui le fréquente depuis longtemps, Rabelais n’est plus juste un auteur patrimonial aux accents grivois mais un humaniste qui s’est interrogé sur l’altérité et le sens de la vie. Le seul à l’avoir fait avec le rire et la dérision pour compagnons."

Puis direction le cœur de la cité, autrefois fortifié. La visite passe par la Maison rouge en briques et pans de bois. Célèbre pour son étage en encorbellement et datée du XVe siècle, elle n’a guère changé depuis l’époque de Robelais. Arrêt au palais de Bailliage où son père plaida en son temps puis au coin de la rue de la Lamproie où se dresse une belle maison Renaissance. « Elle a longtemps été présentée comme celle de la famille Rabelais, explique Claire Portier, animatrice du patrimoine. On sait maintenant que la véritable maison se situe un peu plus haut, au 15 de la rue de la Lamproie. »

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Hommage aux illustrations de Gustave Doré dans les caves de la Devinière.

La statue de Rabelais par Émile Hébert, à Chinon.

La fontaine de la Dive bouteille dans les Caves Painctes de Chinon.

Un petit tour au Musée Le Carroi s’impose. Le célèbre portrait de Rabelais par Eugène Delacroix y fait bonne figure. Dans cet hôtel où mourut Richard Cœur de Lion, furent convoqués des Etats généraux par Charles VII. L’occasion de rappeler que la première rencontre de Jeanne d’Arc et de ce roi eut lieu dans la forteresse qui domine la ville. Mais elle n’est pas au programme de notre visite car Rabelais ne la mentionne nulle part. En revanche, impossible de passer à côté des Caves painctes. Le site se nomme ainsi car Rabelais raconte que l’on y voyait autrefois des peintures représentant des danses de femmes et de satyres. « Les caves painctes sont d’anciennes carrières de tuffeau. Reliées à celles de Vaslin, elles forment un immense labyrinthe souterrain d’une dizaine de kilomètres dans lequel il est aisé de se perdre. » prévient Muriel Roudaut, représentante de l’AOC Chinon. De tout temps, les carrières ont servi de cave à vin et on dit que le père de Rabelais y avait la sienne. « Les caves sont vraiment le ventre de Chinon, et l’on y organise régulièrement des fêtes ».

La confrérie des Entonneurs Rabelaisiens y tient chapitre solennel quatre fois par an. Ce jour-là, les dignitaires dans leur costume de rouge, d’or et d’hermine reçoivent les futurs chevaliers. Fondée en 1961, la confrérie a pour vocation la perpétuation de l’enseignement de Rabelais et la promotion des vins de Chinon.

Avec son tatouage à l’effigie de Rabelais, Boris Desbourdes ne cache pas son attachement à son terroir. Il appartient à cette jeune génération de vignerons qui a repris le flambeau de la vigne familiale, Le domaine de la Marinière à Panzoult.  

Aussi à l’aise dans ses vignes que présent sur les réseaux sociaux, il a commencé sa conversion en bio en 2015. « Nous avons pu prendre ce virage qui me tenait à cœur depuis longtemps parce que nos partenaires commerciaux étaient prêts à nous suivre». Lorsque nous arrivons, Boris emballe justement des bouteilles de sa cuvée La peau de l’ours pour le Canada. Un drôle de nom ! « Parce que la première année, la récolte n’avait pas été assez suffisante pour que j’honore la commande que m’avait fait les Canadiens, j’avais vendu la peau de l’ours… » lâche t-il dans un sourire. C’est donc autour d’un verre de vin que s’achève notre balade rabelaisienne car  « Boire vin bon et frais, et de vin, divin on devient. »

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Jean-Philippe

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Vous ne trouvez pas que notre ami Boris Desbourdes a un petit côté naturellement rabelaisien ?

DÉCOUVRIR ALBI

ALLER À LA DEVINIÈRE, MUSÉE RABELAIS

À vélo : Le musée est situé à 4,7 km du parcours de la Loire à Vélo.

En voiture : À 50 min à l’ouest de Tours via l’A85, sortie n°9 Chinon, direction Chinon par la D751.
À 5 min de Chinon et 15 min de Fontevraud.

Transport à la demande : Depuis Chinon, du mois de juillet à fin septembre, du lundi au vendredi (9h à 17h).
Tarif : 4,80 € le trajet aller-retour.
Réservation la veille au +33 (0)800 123 037.

S’INFORMER 

Office du tourisme de Touraine

Le musée Rabelais

Découvrez les vins de Chinon

Et retrouvez Boris Desbourdes sur sa page facebook et son Instagram

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