Voyage Grand format
BIEN AU-DESSUS DU CERCLE POLAIRE, LES ILES LOFOTEN, EN NORVÈGE, VIVENT AU RYTHME DU SOLEIL DE MINUIT, DES AURORES BORÉALES ET DE LA MORUE.
Géographiquement, les îles Lofoten forment un archipel à l’ouest de la Norvège, entre les 66e et 68e degré nord. Mais depuis la minuscule île de Litloy, ce sont des sommets enneigés se reflétant dans une mer baignée par la lumière bleutée d’un jour qui oublie de s’achever. Presque irréel. Bienvenue au-delà du cercle polaire ! On veut bien croire que le courant marin du Gulf Stream qui longe la côte en adoucit le climat, mais la véritable douceur qu’il faut venir chercher ici, aux beaux jours, est celle du soleil de minuit. Les Lofoten, qui dessinent un nez crochu à la Norvège sont composées principalement de cinq îles que la route E10 relie d’un bout à l’autre.
À peine 170 kilomètres parsemés de ponts qui enjambent des fjords, de tunnels qui traversent des montagnes ou passent sous la mer, et de routes en lacets qui épousent les contours de vastes lacs. Carte en main, il faut quitter cet axe principal et s’enfoncer au cœur des fjords pour découvrir ces nombreux villages aux maisons souvent rouge-bordeaux, parce qu’autrefois, dit-on, peintes avec le sang des animaux, et dont certaines ont conservé leur toit recouvert d’herbes. Chaque halte est l’occasion d’abandonner son véhicule et de s’aventurer dans une nature bien préservée. Les Norvégiens aiment la marche et les sentiers de randonnées sont nombreux, quoi que pas toujours très bien balisés – même la reine s’en serait plainte…
PARTIR AUX LOFOTEN
On dit qu’aux Iles Lofoten, toutes les conditions climatiques sont réunies pour obtenir la meilleure morue séchée au monde.
Brenna, dix maisons perdues au bout d’une route ; le chemin suit la grève. D’un côté la mer, qui s’engouffre dans des criques aux eaux incroyablement cristallines, refuges des courlis, des huîtriers, des loutres de mer (difficiles à voir), et des pygargues à queue blanche, ces aigles marins omniprésents sur tout l’archipel. De l’autre, la montagne, presque inquiétante avec son sommet égaré dans les brumes. Entre les deux, dans un chaos rocheux de pierres moussues, mille torrents qui dévalent joyeusement la montagne, serpentent au milieu de bouleaux torturés par les vents, pour se jeter dans la mer. Incontestablement le domaine des trolls. À la pointe sud-ouest de cette même île d’Austvagoy, Henningsvaer, 500 habitants à l’année, est l’un des villages de pêcheurs les plus actifs. Les nombreux bateaux à quai en témoignent. La beauté des lieux vient de leur situation. Accrochées sur plusieurs îlots, les maisons de bois peint se reflètent gaiement dans les bras de mer qui traversent le village. Ce qui lui a valu son appellation de « Venise des Lofoten » ! Toujours plus vers l’Ouest, sur l’île de Vestvagoy, les maisons colorées d’Eggum, dispersées au pied de la montagne, sont le point de départ d’une balade sur une plage de galets. On y croise une drôle de tête, une statue qui se retourne lorsqu’on la contourne – œuvre d’un artiste suisse. Un lieu idéal pour observer le soleil de minuit qui, entre fin mai et fin juillet, se contente de frôler l’horizon. Moskenesoy est la dernière des grandes îles, elle est également la plus sauvage.
« Des sommets enneigés qui se jettent dans l’océan, c’est évidemment un paradis pour les marcheurs et les amoureux d’une nature bien préservée, comme savent si bien le faire les gens du Nord. Un regret, ne pas y être allé à la saison des aurores boréales. »
À Reine, le ferry dessert quotidiennement trois bourgs oubliés au fond du fjord de Kjerkfjorden.« Autrefois de petits villages de pêcheurs, aujourd’hui, principalement des maisons secondaires. Il reste six habitants à l’année, alors on fait chaque jour la navette, on apporte quelques courses et on voit si tout va bien » explique Knut le capitaine. Pour les randonneurs, l’occasion de faire de belles balades d’une journée dans la montagne.
Passage obligé, car véritable musée à ciel ouvert, le bourg de Nusfjord, coincé dans un fjord étriqué, raconte les temps héroïques des pêcheurs de morues. Le guide du site l’affirme : « Il n’y a pas de meilleur coin au monde que les Lofoten pour faire sécher la morue. » Est-ce à cause de ce petit vent froid qui descend des cols enneigés pour se mêler à une brise marine, salée à point ? Le stockfish local (la morue séchée) est célébré par les amateurs du monde entier, assure l’autochtone.
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Et surtout en Italie, qui l’importe depuis plus d’un siècle. Plus qu’une activité commerciale, la pêche à la morue est une culture qui puise ses racines dans l’histoire du pays. Les premiers habitants, il y a quelque 6 000 ans, puis les Vikings aux alentours du premier millénaire ont exploité ces poissons qui viennent frayer dans les fjords. Au XIXe siècle, durant les premiers mois de l’année, les paysans quittaient leurs terres pour devenir pêcheurs ; triste existence de marins s’épuisant à la tâche, risquant leur vie et s’entassant, sans hygiène, dans des cabanes – les rorbuer – pour quelques maigres couronnes. Aujourd’hui, la technique a remplacé la main d’œuvre, les quotas réglementé les prises, et les rorbuer sont devenus des refuges pour touristes. Mais entre février et avril, les morues qui partout s’étalent sur de hautes claies de bois, laissent flotter dans l’air comme une petite odeur… de tradition.
Pour poursuivre notre histoire, la petite ville de A (avec son drôle d’accent rond, prononcer « O ») propose un musée de la pêche. Un musée vivant qui, en été, fait le pain comme autrefois et vend sa propre production de foie de morue. Impossible de ne pas goûter ! Et, difficile de ne pas faire la grimace, même persuadé que c’est excellent pour la santé. Mais A, c’est aussi la fin du voyage, la pointe sud-ouest des Lofoten. Dominées par les 1030 mètres d’altitude du mont Hermannsdalstind, la mer et la terre s’affrontent ici en permanence. Le long de ces hautes falaises noires gronde l’un des plus terribles courants marins, le Maelström. Alan Edgar Poe en a fait le héros d’une tragique nouvelle. Et si vous scrutez bien la mer, peut-être pourrez-vous répondre au héros de Jules Verne qui à la fin de 20 000 lieux sous les mers se demande : « Mais qu’est devenu le Nautilus ? A-t-il résisté aux étreintes du Maelström ? Le capitaine Nemo vit-il encore ?«
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Hiver sur l’archipel des Iles Lofoten. Voyez-vous l’ombre du Maelström ?
PARTIR AUX ILES LOFOTEN
Renseignements : Visit Norway est l’office du tourisme norvégien.
Les rorbuer : Indissociables du paysage des Lofoten, ces anciennes cabanes de pêcheurs sont désormais réaménagées pour l’accueil des touristes. Véritables petites maisons de bois, souvent sur pilotis, elles frôlent les eaux des fjords.
Trek : Pour les amoureux de la marche à pied, Rando Lofoten est un site crée par des amateurs qui proposent une centaine de randonnées à travers l’archipel. Un passage obligé avant de partir.
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