Le Patou
L’icône
Belle et consorts, des icônes qui dérangent.
Vous êtes nombreux, cette année, à regarder du côté de la montagne pour prendre l’air.
Ah nos vertes montagnes ! Les alpages fleuris, les sommets aux neiges (de moins en moins) éternelles, les lacs aux eaux translucides, les sonnailles des troupeaux sur les drailles… Et les patous. Si vous ignorez ce qu’est un patou, c’est bien que vous êtes un randonneur novice. Le patou, c’est Belle dans « Belle et Sébastien », le bon gros chien blanc à l’impressionnante carrure et à l’allure de sympathique nounours. Le terme patou ne désigne pas véritablement une race – Belle est une Montagne des Pyrénées – mais plutôt un type de chien à l’allure imposante dont la fonction est de contrer les attaques des grands prédateurs. Ils sont élevés uniquement dans cette optique et on ne leur demande rien d’autre. Dès son plus jeune âge, le chiot grandit au sein du troupeau afin que le mouton devienne son frère. Et s’il y a une chose que le patou n’aime guère, c’est partager sa famille.
Depuis le retour du loup dans des alpages français en 1992, Belle et consorts, qui en avaient quasi disparu, ont donc fait, eux aussi, un come-back remarqué et tout autant polémique ! Parmi les randonneurs il y a les pros et les anti-patous. Il faut reconnaitre que la rencontre avec un patou (et j’en parle d’expérience) est le genre d’évènement à alimenter la conversation au refuge, le soir. L’animal considère en effet que toute personne qui s’approche de ses ouailles représente un danger. Il commence généralement à le faire savoir en donnant de la voix (et quelle voix). Si vous vous obstinez, ils – car c’est généralement à ce moment précis que vous vous rendez compte qu’ils sont plusieurs – choisissent de venir à votre rencontre. Et ne croyez pas qu’un grillage à moutons, même électrifié les arrête. Sous leur épaisse toison, se cachent 50 kilos de puissance. Belle peut ensuite vous coller aux basques jusqu’à ce qu’elle juge que vous vous êtes suffisamment éloigné de ses protégés. Ne nous voilons pas la face, il y a des rencontres qui se terminent mal… pour le randonneur et l’on déplore chaque année des morsures.
Quelle conduite face à des patous ?
La première des choses est de ne pas se laisser surprendre. Avant de foncer tête baissée vers un agneau si innocent soit-il, on vérifie bien qu’il n’y a pas de chien derrière ! Vous entendez des aboiements dans un troupeau d’ovins, de caprins voire de bovins, soyez certain que ce n’est pas l’un d’eux qui vous fait une blague !
Prenez le large. En fonction du terrain, passez le plus loin possible, voire faites demi-tour si le passage n’est pas possible. Si malgré tout, le chien approche, on prend une grande respiration pour calmer ses nerfs, car plus il est près, plus vous comprenez qu’un chien qui toise 80 cm au garrot, c’est haut ! et on n’insiste pas. On revient sur ses pas, certains conseillent même la marche arrière. On évite de partir en hurlant, courant et gesticulant, le patou pourrait mal l’interpréter. Pas toujours très fin ces petites bêtes.
Un dernier conseil : On ne joue ni les héros, ni les gladiateurs, genre je vais lui apprendre les bonnes manières. On ne lui lance pas de cailloux ; il n’est pas du tout, mais pas du tout, du genre à rapporter la baballe. On ne le menace pas et on ne le frappe pas avec son bâton de marche. N’oubliez jamais que vous avez, face à vous, un chien qui appartient au groupe des molossoïdés. C’est à dire que, comme chez ses cousins les mastiffs ou les mâtins, coulent dans ses veines les combats que ses aïeux ont dû mener pour gagner leur pitance dans les arènes contre toutes sortes d’animaux types ours, taureau, lion… Souvenez-vous en au moment de votre rencontre avec votre prochain patou.
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