Le masque

L’icône

Masque lavable en coton bio made in Belgique Flax and Stitch.  

En ces temps de déconfinement, le masque est devenu un accessoire indispensable de nos voyages en France ou à l’étranger. Qu’il soit chirurgical, FFP2 ou taillé dans un morceau de tissu uni, à fleurs, à carreaux, à petits pois, il sert à ne pas transmettre une maladie dont nous sommes potentiellement porteurs. Il peut donc sauver des vies, à commencer par celles des autres. 

Utilisé pour la première fois en 1897 lors d’une opération par le chirurgien français Paul Berger (1845-1908), le masque facial est désormais obligatoire dans le taxi, le train, l’avion et nombres d’espaces fermés. Mais le porter pose à certains moultes questions métaphysiques : Comment respirer? Comment se comporter face aux autres? Comment leur parler et les comprendre? Le sourire se voit-il? Et de manière plus générale, accepter le masque, ne serait-ce pas renoncer au monde tel qu’il est, avec sa part de joie et sa part de risque?

Si l’objet passe mal, c’est en partie parce qu’en cachant nos traits, il contrevient aux fondements de notre culture républicaine. Dans l’espace public, on sort à visage découvert. Sans remonter jusqu’à l’Ancien Régime, où le masque était associé aux frasques libertines de la noblesse, rappelons simplement le débat sur le voile. Et la loi du 11 octobre 2010 qui en a découlé pour interdire “le port de cagoules, de voiles intégraux (burqa, niqab…), de masques ou de tout autre accessoire ou vêtement ayant pour effet de dissimuler le visage”.

Le masque effraie sans doute aussi parce qu’il évoque l’idée de mort. Difficile de ne pas penser à ces médecins qui, lors des grandes épidémies de peste, arboraient des faciès de cuir au long bec d’oiseau, pleins d’herbes odorantes pour chasser les miasmes. Croiser ces oiseaux de mauvais augure suffisait, disait-on alors, pour se sentir condamné. Le sinistre Medico della peste est d’ailleurs devenu l’un des personnages de la commedia dell’arte, et un costume récurrent du carnaval de Venise. Enfin le masque fait peur parce qu’il retire à celui qui le porte sa part d’humain. Dans notre imaginaire, surgissent des souvenirs pêle mêle. Celui de l’homme au masque de fer, mort à la Bastille en 1703 sans que l’on sache qui se cachait derrière et pourquoi il subissait un tel châtiment. Ou bien celui d’un de ces personnages créés de toutes pièces par le cinéma américain, tels Dark Vador, le sombre héros de la saga Star Wars ou le tueur psychopathe du Silence des Agneaux.  

Et si on dédramatisait? Car au-delà de son intérêt protecteur, le masque a ses bons côtés. En France et dans le monde occidental, il est par exemple également associé à l’idée de carnaval, “ce temps hors du temps où les normes sont renversées”, selon Anne Monjaret, anthropologue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Derrière le masque et le déguisement, on peut donner à voir un autre soi-même”. Même si la pandémie de Covid-19 n’incite guère à la fête carnavalesque, pourquoi ne pas surfer sur cette idée et faire du masque un objet plus ludique? S’en servir pour s’inventer d’autres vies? Balancer des fleurs, des coeurs, des oiseaux comme des messages? Et en profiter pour apprendre à sourire avec les yeux? D’ailleurs, à voir les modèles et les tutoriels qui ont fleuri sur Internet ces dernières semaines, il y a fort à parier que la mode s’empare de ce petit bout de tissu. Cet été, le masque pourrait bien devenir un accessoire « looké », comme les lunettes de soleil ou le sac de plage. A suivre et à méditer… 

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