Le hamac

L’icône

Au bord du lagon d’Ambohiday, Nosy Be, Madagascar

C’est l’été. Dans le jardin pépiant d’oiseaux, le hamac a retrouvé sa place entre le saule tortueux et le mûrier-platane. Se laisser bercer doucement dans ce cocon, en regardant le soleil jouer dans le feuillage, lire, rêver, dormir… Ramené d’un voyage au long cours ou de la boutique “déco” du coin, single ou matrimonial, uni ou multicolore, avec ou sans franges, le hamac est l’ami de nos siestes estivales. Il a aussi une longue histoire…

D’après les archéologues, celle-ci commence il y a plus de mille ans, dans les forêts d’Amérique du Sud et des Caraïbes. Quand il le découvre en 1492, lors de son séjour à Hispaniola, l’actuelle Haïti, Christophe Colomb le baptise dans son journal “le nid d’ange”. Mais là-bas, les tribus Taïnos l’appellent hamacu, du nom de l’arbre dont ils tirent la fibre pour le tresser. Au Mexique, au Brésil, en Amazonie, d’autres tribus utilisent d’autres plantes, comme le sisal ou le palmier, pour fabriquer ce lit suspendu, léger à transporter lors des déplacements, qui permet de dormir à l’abri des animaux, des insectes, de l’humidité du sol. Une légende maya raconte qu’un jour, une déesse se serait blessée aux épines d’un hennequen, agave sisalana pour nos manuels de botanique. De rage, son compagnon aurait frappée la tige au sol, jusqu’à ce qu’elle se sépare en longs filaments solides. Ils auraient servi à tresser le premier hamac…

Au XVIe siècle, la marine  adopte cette belle invention. A bord des bateaux, les hamacs absorbent le roulis, assurant un meilleur repos aux hommes. Ils tiennent à l’abri des morsures des rats, qui pullulent dans les cales. Faciles à plier et à ranger, ils libèrent aussi de l’espace pour les marins, qui peuvent dormir et travailler au même endroit.  On les appelle alors les “branles”. Au branle-bas, chacun sait qu’il doit décrocher son hamac pour se mettre à la tâche. Une urgence qui se fait encore plus aïgue quand le branle-bas de combat annonce une bataille. Dans la marine nationale française, les hamacs ne seront d’ailleurs définitivement remplacés par les couchettes qu’au début des années 1970. Dans les anciennes colonies, le hamac est tout aussi prisé et sert à tout transporter à bras d’hommes : les maîtres, les malades, les blessés… Au fil du temps, les fibres tressées sont remplacées par des tissages en coton ou en chanvre, plus doux à la peau. Chaque région développe alors sa technique et ses motifs.

Aujourd’hui, l’usage des hamacs reste répandu du sud de l’Amérique aux îles Caraïbes. Dans les maisons, les crochets pour les installer sont fixés aux murs dès la construction.  Sur les bateaux qui naviguent sur les fleuves, chacun voyage avec le sien. Au Yucatan, les descendants du peuple Maya en ont tiré un artisanat prospère. Fabriqués dans la région de Mérida, leurs hamacs respectent un tissage particulier, permettant de s’allonger en travers et non dans la longueur, pour un meilleur confort du dos. Certains modèles peuvent accueillir 4 personnes! Selon une étude menée par des chercheurs de l’université de Genève, l’effet de balancement du hamac favoriserait d’ailleurs l’endormissement et un sommeil profond, pour les nourrissons comme pour les adultes. Le secret pour savourer la sieste? Suspendre son hamac à au moins 2 mètres du sol et s’y allonger dans la diagonale, le dos bien à plat…

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