Voyage Grand format
AU COEUR DU QUERCY, SUR LE CAUSSE DE GRAMAT, S’OUVRE LA GUEULE BÉANTE DE L’UN DES PLUS GRANDS GOUFFRES DU MONDE. OSEREZ-VOUS FRANCHIR LA PORTE DU DIABLE POUR DÉCOUVRIR LE TRÉSOR DU GOUFFRE DE PADIRAC ?
Pénétrer les ténèbres, naviguer dans l’obscurité, affronter les entrailles de la Terre avec pour guide les seuls clapotis des gouttes et la lueur d’une chandelle : Le temps d’une soirée, vivez l’expérience des premiers hommes qui ont surmonté leur peur et se sont aventurés dans le gouffre de Padirac. En cette fin de XIXe siècle, qui baigne encore dans la crainte du diable, chaque gouffre, chaque grotte est comme une porte de l’enfer. Alors imaginez cette gueule béante, ce cloaque de 35 mètres de diamètre et de 50 mètres de profondeur ; si vaste qu’il pourrait avaler un régiment. Au pays caussenard, on évite d’aller traîner là-bas, même lorsqu’un mouton s’y perd dans une chute sans retour. Personne n’ose y descendre… Même s’il y a le trésor ! Le fabuleux trésor du Prince Noir !
Ce monarque anglais, fils du roi Edouard III, l’aurait jeté dans le gouffre durant la guerre de Cent ans. La légende est tenace, mais la crainte est plus forte… C’est pour cela qu’il y a du monde, ce dimanche 9 juillet 1889, lorsqu’un jeune avocat parisien du nom d’Edouard-Alfred Martel s’apprête à descendre dans le gouffre. Et il est sacrément équipé ! Des dizaines de caisses arrivées par le train en gare de Rocamadour, du matériel comme on n’en a jamais vu, telle cette barque en toile et en bois, démontable et toute légère. Équipé de bougies, de cordes de chanvre et suspendu à un câble long de 75 mètres, il s’enfonce au centre de la terre. Rejoint par quatre compagnons d’exploration, Martel se lance alors à la découverte de l’inconnu…
RAPPROCHEZ-VOUS DU CENTRE DE LA TERRE
Le Gouffre de Padirac est ouvert de fin mars à début novembre. Il est possible et, même conseillé, de suivre une des visites guidées. Elles permettent de mieux comprendre l’histoire géologique du lieu, l’aventure des premiers spéléologues, et de découvrir que le gouffre de Padirac fait toujours l’objet de nombreuses recherches scientifiques.
Goutte après goutte, cristal de calcite après cristal de calcite, des siècles ont été nécessaires pour créer la Pile d’assiettes, une des formations géologiques les plus célèbres du gouffre.
Trois jours durant, les premiers spéléologues explorent le trou du diable. Ils en rapportent des histoires de rivière aux eaux transparentes comme l’air, de lac sur lequel il pleut sans cesse et où se reflètent des cascades de calcite et d’immenses stalagmites qui supportent des voûtes hautes comme des cathédrales. Pionnier de la spéléologie, Martel n’en est pas à sa première expédition souterraine ; et il rêve de partager sa passion avec le plus grand nombre. Grâce aux dimensions hors norme du site et à son accès relativement simple, il comprend que le gouffre de Padirac offre une chance unique de faire découvrir les beautés chtoniennes au public. Pour venir à bout de ce projet, il lui faudra dix ans et un coup de hasard extraordinaire (sa mallette oubliée dans un fiacre est récupérée par un riche héritier irlandais, Georges Beamish qui, séduit par l’aventure, décide de la financer). Le 1er novembre 1898, les premiers visiteurs empruntent le grand escalier pour s’engouffrer à plus de cent mètres sous le plancher des vaches. La presse de l’époque, enthousiaste, évoque « un voyage fantastique dans ce décor de fleurs de marbre, de lotus pétrifiés, d’anémones de stuc, de bustes d’albâtre… »
« La réalité a dépassé ce dont mon imagination avait rêvé... La nature n’a édifié nulle part ailleurs de plus extraordinaires monuments.» Cette sensation d’être dans un lieu unique telle que l’a décrite Édouard-Alfred Martel, premier explorateur du Gouffre de Padirac étreint toujours le visiteur qui découvre ce monde souterrain. L’une des impressions les plus étranges - favorisée par la mise en lumière du site - est le jeu de miroirs entre les eaux transparentes et la roche qui s’y reflète. Il est difficile bien souvent de savoir où commence l’une et où s’arrête l’autre.
Un siècle et demi après, le gouffre de Padirac enchante toujours les visiteurs de profundis. Depuis, le parcours s’est quelque peu allongé, permettant la découverte du Grand Dôme et de son lac supérieur. Les bougies ont été remplacées par l’électricité, qui met plus brillamment en valeur les reliefs de la voûte et les formations minérales.
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« Avec la salle du grand Dôme et son plafond à 94 mètres, nous avons l’une des plus grandes salles d’Europe ouvertes au public » souligne, Matthieu, l’un des 80 guides qui accompagnent les visiteurs à travers les corridors et les embarquent sur les eaux cristallines de la rivière Plane en haute saison. « Température de l’eau 12 °, température de l’air, 13°, et ce toute l’année. Et voici la Grande Pendeloque, suspendue au-dessus du lac de Pluie, une stalactite de 60 mètres de long.» Combien de temps pour qu’elle se forme ? « Difficile à dire, la croissance des stalactites est loin d’être linéaire. » Seule certitude, elle ne grandit que de quelques millimètres ou centimètres par siècle, goutte après goutte, clop, clop, clop. Ici le temps prend son temps. Pour former le gouffre de Padirac et le réseau souterrain auquel il est relié, l’eau a commencé son travail de sape il y a un à deux millions d’années… En passant à travers l’humus, l’eau de pluie s’acidifie. Lorsqu’elle rencontre la roche calcaire, son acidité dissout la pierre et se charge en calcite. Et à force de s’infiltrer et de ruisseler, elle finit par creuser des galeries et des grottes. Mais en coulant, elle redépose le calcite. En gouttant toujours au même endroit et en fonction de la configuration des lieux, elle crée stalactites, stalagmites, mais aussi drapés ou barrages. À Padirac, tout cela serait resté loin du regard des hommes, si, il y a 10 000 ans, le toit d’une galerie ne s’était effondré, ouvrant le fameux gouffre. « Vous voyez, là, c’est l’endroit où la couche de calcaire au-dessus de nos têtes est la plus mince. Nous sommes précisément à l’emplacement du prochain gouffre de Padirac ! » On bouge ? « Un nouvel effondrement qui ne devrait pas arriver avant quelques millions d’années. » Nous voilà rassurés.
Et le trésor, me direz-vous ? Vous avez toutes vos chances ! Personne ne l’a encore inventé…
70 histoires vraies qui parlent
d’empathie, d’entraide et
d’amitié.
Sur les 42 kilomètres de galeries cartographiées, plusieurs centaines de mètres ont été aménagés pour que le public puisse marcher ou naviguer dans ce décor unique et merveilleusement mis en lumière.
lA BÊTE DU GOUFFRE
Au fond du gouffre de Padirac vit un étrange animal, une bête qui n’existe nulle part ailleurs… Bythinella Padiraci est ici chez elle, dans ces eaux souterraines dont elle ne sort jamais. Pas de panique, du dragon elle n’a que les cornes et encore les siennes sont bien molles. La bythinelle est un minuscule escargot d’eau douce dont la coquille spiralée ne dépasse pas 2 à 3 millimètre de long. Pas la peine de le chercher ailleurs, ce mollusque est endémique au gouffre de Padirac.
Coupé du reste du monde, il a évolué isolément pour former une espèce à part entière. La bythinelle n’est pas la seule hôtesse de ces eaux, elle y croise quelques crevettes minuscules, aveugles et décolorées. Enfin, une grotte ne serait pas une grotte, si elle n’était le refuge des chauves-souris. Sur la trentaine d’espèces que compte la France, une dizaine fréquente le gouffre de Padirac.
VENIR AU GOUFFRE DE PADIRAC ET DANS SES ENVIRONS
Y ALLER : Situé à 2 heures de Toulouse et à 45 minutes de Brive-la-Gaillarde, le gouffre de Padirac se trouve au cœur de la vallée de la Dordogne. Six des plus beaux villages de France sont situés de part et d’autre de la rivière : Autoire, Carennac, Loubressac, Turenne, Collonges-la-Rouge et Curemonte. A proximité, se trouvent aussi la cité sacrée de Rocamadour et le Parc Naturel Régional des Causses du Quercy.
SE RENSEIGNER : Le site de Tourisme Lot, idéal pour organiser son séjour.
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