Demeures d’Histoire
IL Y A CINQ SIÈCLES, LÉONARD DE VINCI POSAIT SES VALISES SUR LES BORDS DE LA LOIRE. POUR CÉLÉBRER CET ANNIVERSAIRE, LE CLOS LUCÉ, SA DERNIÈRE DEMEURE, A OUVERT AU PUBLIC L’ATELIER OÙ LE GÉNIE DE LA RENAISSANCE TERMINA SES PLUS FAMEUX CHEFS D’ŒUVRE.
À l’automne 1516, Léonard de Vinci quitte l’Italie, certainement juché sur une mule et accompagné d’un ou deux assistants. L’homme, qui durant plus de trente ans a mis ses connaissances et son art au service des grandes familles romaines, florentines ou milanaises sait-il qu’il part pour un aller simple ? Léonard a soixante-quatre ans, il a perdu l’un de ses plus importants mécènes et les peintres Michel-Ange et Raphaël sont les nouvelles stars du moment. Alors lorsque le jeune et fougueux roi François Ier, tout auréolé de sa récente victoire à Marignan, le prie de devenir « Premier peintre, ingénieur et architecte du roi», Léonard de Vinci accepte.
Le château d’Amboise est alors l’une des principales résidences de la cour. Le roi propose au peintre de loger à 500 mètres de là, dans sa demeure du Cloux, qui deviendra par la suite le Clos Lucé.
Cet élégant manoir de briques roses et de pierres blanches de tuffeau a été bâti sous Louis XI pour être offert à l’un de ses favoris, ancien marmiton anobli. Acquis par Charles VIII, il entre dans le domaine royal comme « maison de campagne».
De retour des guerres d’Italie, le roi l’embellit dans le style flamboyant en vogue de l’autre côté des Alpes. François et sa sœur Marguerite d’Angoulême y grandissent ; et tandis que son frère court le gibier dans les bois alentours, dans sa chambre, la future reine de Navarre écrit les premières lignes de ses nouvelles, qui feront d’elle l’une des premières femmes de lettres françaises.
Le Clos Lucé connaîtra d’autres propriétaires, retournant même un temps dans le giron de la famille d’Amboise, qui l’avait eu en possession au XIIe siècle et qui le sauvera de la destruction durant La Révolution. En 1854, les Saint Bris se portent acquéreurs. Un siècle plus tard, Agnès et Hubert Saint Bris choisissent d’ouvrir au public la maison de Léonard de Vinci. « Selon le vœux de nos parents, souligne François Saint Bris, actuel président de la société d’exploitation du Clos Lucé. La mission du Clos Lucé est de transmette l’héritage universel, la mémoire et la connaissance de Léonard de Vinci. Ce choix était légitime : c’est là que Léonard a vécu ses trois dernières années de sa vie. »
VENIR AU CLOS LUCE
Ouvert toute l’année, le Clos Lucé se trouve dans la ville d’Amboise, à 500 mètres du Château royal.
Si de nombreux peintres n’ont gardé de ce séjour que l’image du vieillard agonisant dans les bras du souverain, qui d’ailleurs ce jour-là était absent, c’est oublier un peu vite que durant les dernières années de sa vie, Léonard n’a cessé de travailler, réfléchir, dessiner et même peindre. Les trois pièces restaurées et ouvertes au public à l’occasion du 500e anniversaire en témoignent.
Imaginez-le dans ce décor aux fresques murales repeintes avec des pigments employés à la Renaissance, accueillant quelque invité de marque dans son cabinet de travail, avec le roi dans sa bibliothèque ou travaillant encore et encore sur le drapé de la robe de la Sainte-Anne dans son atelier. Trois de ses tableaux, de ses chefs d’œuvre, l’ont en effet accompagné en France : La vierge, l’enfant Jésus et Sainte Anne, Saint-Jean Baptiste et La Joconde tous désormais exposés au Louvre. Léonard ne se contente pas de peindre.
Surtout, prenez le temps d’aller flâner dans tous les recoins du – je devrais plutôt dire – des jardins. C’est une très belle réussite, où les œuvres de Vinci prennent toutes leur dimension. J’ai adoré les grandes toiles translucides reprenant des détails de ses tableaux et perdues dans la végétation.
L’un des projets les plus fous, pharaoniques qu’il conçoit, à la demande de François Ier, est la création d’une ville nouvelle à Romorantin, un immense palais sur l’eau assorti d’un quartier de résidence pour la cour. Romorantin, capitale de la France ! Il semble que des travaux de terrassement aient même été engagés. Léonard n’en est pas à ses premiers plans de villes idéales et il n’est pas impossible que François Ier l’ait fait venir à dessein.
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Maquette du pont imaginée par Léonard de Vinci pour franchir le Bosphore à Istanbul en Turquie.
D’autant que le roi veut développer la navigation fluviale et relier le centre de la France à l’axe formé par le Rhône et la Saône. Les écrits du savant, pour qui les mouvements de l’onde n’ont aucun secret, témoignent d’ailleurs d’études hydrographiques sur le bassin de la Loire. Ingénieur en hydraulique fluviale, Vinci croque des ponts mouvants, des systèmes d’écluse, des bateaux à aube et continue de rêver à la machine qui permettra à l’homme de prendre son envol. Ingénieur militaire, il avait dessiné des mitraillettes, inventé des chars, perfectionné les canons. Au sous-sol du Clos Lucé, les salles consacrées aux maquettes permettent d’approcher l’incroyable ingéniosité de l’homme, son infatigable envie de comprendre et d’appliquer. « Etudie d’abord la science, puis poursuis la pratique née de cette science.»
Plus surprenant ou simplement moins connu, Léonard est aussi le grand ordonnateur des fêtes royales. Il se plaît à fabriquer des décors d’apparats, à tracer les volutes d’un costume. Il organise des tableaux vivants aux effets spéciaux incroyables, tel ce lion qui, frappé à la poitrine, fait jaillir des fleurs de lys.
Pour célébrer la victoire de Marignan, il met en scène la prise d’une forteresse avec tirs de mortier assourdissants et envol de ballons bondissants. Plus tard, il reconstitue le ciel étoilé avec le mouvement des astres. Ces astres qu’il finit par rejoindre à l’âge de 67 ans, le 2 mai 1519.
Pour le visiteur il est temps alors d’aller flâner dans le Parc Leonardo da Vinci. Une balade dans l’imaginaire de l’homme. On y découvre grandeur nature son char d’assaut, une mitraillette, son hélice volante ou son bateau à aube. Sur des toiles géantes, les visages transpercées de lumière de la Joconde ou de La Dame à l’hermine interrogent les rêveurs. À l’ombre de platanes séculaires, ses écorchés sont comme des vanités agitées par le vent. Dernière réalisation de ses rêves les plus fous, le pont de la Corne d’or. Léonard avait proposé au Sultan Bajazet II de bâtir un pont au-dessus du Bosphore, un pont entre l’Orient et l’Occident. Un rêve long de 360 mètres qui ne vit jamais le jour. Sauf au Clos Lucé. Reproduit à l’échelle 1/10e, il concentre tout l’art et le génie léonardien.
70 histoires vraies qui parlent
d’empathie, d’entraide et
d’amitié.
Dans ses yeux, ceux de Ginevra de ‘Benci.
SE RESTAURER AU CLOS LUCE
Le site propose trois restaurants pour toutes les faims
Crêperie La Terrasse Renaissance : pour une petite fringale à toute heure du jour parmi les Roses Mona Lisa. Ouvert de février à novembre.
La Table du Moulin : Pour une salade, une grillade et un dessert. Ouvert d’avril à septembre.
L’Auberge du Prieuré : Le Sieur Sausin vous accueille pour un menu aux couleurs de La Renaissance.
Les périodes d’ouverture sont données à titre indicatif.
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