LADAKH

L'Himalaya chez l'habitant

Voyage Grand format

SUR LES CHEMINS HAUT-PERCHÉS DU LADAKH, DANS L’HIMALAYA INDIEN, S’ÉGRAINENT VILLAGES MONTAGNARDS, TROUPEAUX DE YAKS ET MONASTÈRES BOUDDHISTES. UN VOYAGE-RANDONNÉE À RÉALISER EN AUTOMNE, AVEC ESCALES CHEZ L’HABITANT. 

Sur les cimes éternellement blanches de l’Himalaya, l’avion projette son ombre dansante. Nez au hublot, les passagers contemplent le toit du monde : on pourrait presque toucher les sommets ! Atterrissage à Leh, la capitale de poche du Ladakh, au nord de l’Inde. Nous sommes en octobre et c’est ici, à 3500 mètres d’altitude, que commence l’aventure… Accessible aux étrangers depuis 1974, Leh est aujourd’hui la Mecque des trekkeurs du monde entier. Dans les ruelles qui s’enroulent au pied du palais royal, persiste l’esprit des cités caravanières d’autrefois. Jusqu’au XIXe siècle, les marchands d’Asie centrale venaient ici échanger or, argent, cuir contre les étoffes et le thé made in India. Arrivés en été, ils reprenaient la route à l’automne, avant que la neige ne bloque les cols de l’Himalaya pour de longs mois. A présent, ce sont les voyageurs occidentaux qui se laissent séduire par les trésors des boutiques de Leh : châles en pashmina, lourds bijoux d’argent, toques fourrées de velours, bols chantants et thangkas, les peintures sacrées tibétaines… 

Il faut un temps pour trouver sa respiration dans ce « Petit Tibet » indien, où l’oxygène se raréfie avec l’altitude. Pour s’accoutumer, rien ne vaut l’ascension à la stupa Shanti, sur les hauteurs de Leh. Au pied de l’Himalaya en majesté, se dévoilent la ville blanche, la mosaïque des champs, le cours du fleuve Indus. Comme une bobine de film en couleurs, les murs en colimaçon du mausolée déroulent les épisodes de la vie de Bouddha. Image par image, on révise l’enfance du jeune prince Siddharta, sa découverte avec la maladie, la vieillesse et la mort, sa fuite du palais et sa méditation sous un arbre, pour atteindre à l’illumination suprême…

Deux jours plus tard, notre 4X4 longe une piste vertigineuse en surplomb de l’Indus. Tel un serpent vert jade, le fleuve enroule ses anneaux dans un canyon déchiqueté. Notre périple va désormais se poursuivre à pied, le long d’un affluent plus tranquille…

PARTIR AU LADAKH

La période idéale pour partir au Ladakh est après l’été, en septembre-octobre. Plusieurs voyagistes spécialistes de la randonnée, dont Nomade Aventure, proposent des treks accompagnés au départ de Paris. On peut aussi élaborer son parcours sur mesure à Leh avec une agence locale, comme Himalayan Frontiers.

Pour quitter la vallée de la Markha, il faut passer le col de Stok, à 5000 mètres d’altitude. Dans la montée, le paysage se fait âpre et l’oxygène rare.

Devant nous trottine déjà la caravane des chevaux qui portent les bagages. Au fil de la vallée de la Markha, se succèdent les paysages XXL du parc national d’Hemis. L’eau de la rivière, qui roule sur les galets, vient  adoucir les hauts plateaux désertiques : plis ocrés des montagnes, gorges minérales, landes d’herbe rase … Des saules sur la rive, s’échappent de petites boules grises : des perdrix chukar, cousines des bartavelles. Perchés sur les rocs, des bouquetins font le guet. Ici et là se dressent des chortens blancs, ces monuments à prières qui émaillent les chemins de l’Himalaya indien. Encore une pente à gravir, un pont de bois à franchir, et nous voici arrivés à Rumback, hameau arrimé à 4050 mètres d’altitude. Ses hautes maisons de briques crues ouvrent sur une vallée dorée. A leurs pieds, les enclos des chèvres Pashmina, à la laine si douce, les champs d’orge liserés de peupliers et là-bas, au loin, les cimes de l’Himalaya… Rose aux joues et tresses enfantines, les paysannes nous interpellent : « Juley ! Juley ! » « Bienvenue! ». Ce soir, nous dormons chez l’habitant…

Dans la maison de Dushka, le four à bois ronronne, jetant des reflets rouges sur l’armée de bouilloires en laiton rangées sur les étagères. Assis sur les banquettes basses, nous savourons notre dîner : chutagi (soupe de pâtes et de légumes au curry) et chang, bière d’orge fermentée.

Le mot de Pascale

"On dit que les voyages forgent l'amitié et c'est vrai. Mais ça l'est encore plus quand on part randonner dans des paysages aussi grandioses que ceux de la vallée de la Markha, dans l'Himalaya indien. Là-bas, j'ai partagé beaucoup avec mes compagnons de marche : le plaisir de l'effort, particulièrement soutenu en hautes altitudes, les rencontres avec les habitants, la préparation des repas, les chambrées en maisons d'hôtes (un côté pour les filles, un côté pour les garçons), mon flash mystique avec Bouddha... Tout cela soude un groupe et ne s'oublie pas! "

Avec quelques mots d’anglais, force gestes et de grands éclats de rire, Dushka, mère de 4 enfants, nous explique que les femmes du village ont ouvert leurs maisons aux trekkeurs de passage il y a quelques années. Depuis qu’aux revenus des champs s’ajoutent ceux des écogîtes, leur vie a changé : « Les enfants peuvent aller à l’école de Leh, l’électricité est enfin arrivée chez nous et les abords du village se portent mieux : moins de déchets sur les sites de bivouacs en plein air, moins de pâturages abîmés par les chevaux. »  Une partie des bénéfices sert aussi à sécuriser les enclos à bétail contre les léopards des neiges, désormais interdits de chasse et placés sous la protection du parc. Les chèvres Pashmina peuvent dormir tranquilles, comme nous!

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Le sentier de Rumback, sous la protection des chortens.

Retour des champs, la hotte sur le dos.

Passé le col de Stok, on pique dans la vallée.

Le lendemain matin, le soleil entre à flots dans la chambre d’hôtes aux murs chaulés de blanc, où matelas et gros édredons ont accueilli les dormeurs. Les toilettes sèches sont juste à côté. C’est l’heure de la traite des dzomos,  hybrides du yak et de la vache, qui fournissent un lait vitaminé… En ce mois d’octobre ensoleillé, le temps des moissons est revenu. Ici les chaumes blondissent en bottes bien ficelées, là les vaches attelées foulent la paille sur l’aire de battage. Avant le retour de l’hiver, il faudra encore tisser la laine des chèvres, laisser fermenter la bière d’orge, faire sécher les briques de boue crue… 

Avis aux sportifs, le passage du col de Stok  est un peu plus qu’une promenade de santé. Le souffle court, les jambes lourdes, on gravit les derniers mètres avec le sentiment d’être un héros. Mais quelle vue ! Là-haut, à plus de 5000 mètres d’altitude, le Grand Himalaya s’offre en panoramique. Plus bas, dans la vallée de l’Indus, les monastères bouddhistes de Shey, Tiksey et surtout Hémis, le plus ancien de tous, fondé au XVIIe siècle sous le règne du roi bâtisseur Senge Namgyal s’égrainent en chapelet. Les visages plissées de sourires, les moines en tuniques de laine rouge marchent à pas menus. Et sous le feu roulant des yeux du bouddha géant, la roue de la vie tourne sans fin, emportant les êtres d’une existence à l’autre.

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Le bouddha géant du monastère de Hémis, fondé au XVIIe siècle par le roi-bâtisseur Senge Namgyal.

PARTIR AU LADAKH

Y ALLER. Air India propose des vols Paris CDG-Leh via Delhi.

RANDONNER. Plusieurs voyagistes spécialistes de la randonnée, dont Nomade Aventure, proposent des treks accompagnés au Ladakh. On peut aussi élaborer son parcours sur mesure au départ de Leh avec une agence locale, comme Himalayan Frontiers

ESCALES

Hill Town Hotel à Leh, un petit hôtel accueillant, aux balcons de bois ouvert côté jardin.

Dans la Markha Valley, le Tarchok Homestay de Rumback, où Duchka nous accueille.

A Stok, le Phunchock Homestay, des écogîtes au confort simple, au cœur de villages montagnards.  

A SAVOIR. Formalités : Le visa touristique, obligatoire en Inde, est téléchargeable en ligne sur vfsglobal.com. Monnaie : la roupie indienne. Climat. De mi-mai à mi-octobre, climat sec et ensoleillé, idéal pour randonner. L’hiver est froid et neigeux, avec des températures descendant à -30°. Décalage horaire : + 3 h 30 en été. Langue. Le ladakhi, avec des variantes selon les vallées. Mais on échange en anglais ou en français avec les locaux travaillant le tourisme. A ne pas manquer : Festival du Ladakh (chants et danses traditionnels), du 1er au 15 septembre à Leh. 

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