La Villa Éphrussi de Rothschild

Le caprice de la baronne

Demeure d’Histoire

POURQUOI NE PAS PROFITER D’UNE DOUCE JOURNÉE D’HIVER POUR DÉCOUVRIR L’UNE DES PLUS BELLES DEMEURES DE LA RIVIERA, LA VILLA ÉPHRUSSI DE ROTHSCHILD ET, QUI SAIT, SURPRENDRE LE FANTÔME DE LA MAÎTRESSE DES LIEUX ?

« Le Cap-Ferrat va représenter pour Béatrix, l’espace idéal pour recevoir sa création. Il réunit toutes les conditions nécessaires à la matérialisation de son désir. Il s’agit d’un lieu isolé presqu’entièrement détaché du littoral, formant une île dans la presqu’île grâce à sa position en hauteur, difficilement accessible. » écrit la biographe Jacqueline Manciet dans La sphinge. La Béatrix dont il est question est alors l’une des femmes les plus en vue de la Belle Époque, petite-fille d’un des fondateurs de la banque de Rotschild, fille de la plus grande fortune de France et sa création est sa villa, la Villa Éphrussi. A 19 ans, en 1883, Béatrix de Rotschild a épousé le baron d’origine russe Maurice Ephrussi, à la fortune légèrement inférieure à la sienne. Ce ne fut ni un mariage d’amour, ni un mariage heureux, ni un mariage fécond. Béatrix passe sa vie, on ne peut plus mondaine, entre voyages en France et en Europe et villégiatures hivernales sur la Riviera, où sa famille possède de nombreuses villas. Prenant soin de son corps et de sa santé, qu’elle a fragile, elle a l’habitude de faire de longues marches. C’est en empruntant, un jour, un chemin de muletier, qu’elle aurait découvert le site de sa future villa : un promontoire rocheux situé sur la presqu’ile de Saint-Jean-Cap-Ferrat. A l’époque, le lieu est surtout prisé des meuniers qui y font tourner les ailes de leurs moulins…

« Capricieuse et autoritaire, elle fait bâtir et démolir des maisons dans le midi sur les rochers de Beaulieu, ordonne le déplacement des bosquets, exige que les fleurs poussent sous le mistral », résume dans ses mémoires sa cousine Elisabeth de Gramont. Béatrix va plus loin encore, elle fait araser le rocher à coup de dynamite pour établir une surface plane sur laquelle poser sa future villa. Elle ne lésine sur rien, ni sur l’argent, ni sur le temps. Elle fait démolir et reconstruire lorsque cela ne lui convient pas, usant littéralement tous les corps de métier.

DÉCOUVRIR LA VILLA ET SES JARDINS

La Villa et les jardins Éphrussi de Rothschild sont situés sur la commune de Saint-Jean-Cap-Ferrat, à 10 kilomètres de Nice et Monaco, entre la Baie de Villefranche et la Baie de Beaulieu.

Autour du jardin central à la française, se trouvent 9 jardins d’inspiration différente, comme les jardins florentin, espagnol ou asiatique.

Mais c’est bien avec son maître-d’œuvre que les relations sont les plus tendues « Aron Messiah est un autodidacte qui a su se faire un nom. Il est certain qu’il doit supporter assez difficilement de se laisser donner des ordres par une riche héritière qui se permet de juger son travail et de lui donner des ordre, lui qui a plutôt l’habitude de livrer son travail clé en main », souligne Jacqueline Manciet. Alors que les travaux avancent, Béatrix enrichit ses collections de meubles, d’objets d’art, de vaisselles, de porcelaines rares qui viendront orner sa future villa. Dans un Paris voué aux destructions haussmanniennes, elle rachète les boiseries d’anciens hôtels particuliers et fait refaire les pièces en fonction. Cinq années et une armée d’ouvriers viennent à bout des rêves de la baronne. Le 30 décembre 1912, elle donne sa première grande réception à la villa Éphussi, qui sera suivie par bien d’autres.

Le cœur de toutes ses réceptions est l’immense patio dont les arcades évoquent les villas de la Renaissance italienne et dont la décoration s’inspire principalement du mouvement du Quattrocento

Le mot de Jean-Philippe

"Bien sûr, la Villa Éphrussi est une demeure séduisante, surtout pour sa situation géographique incroyable entre deux baies. Mais l’étalement de tant de richesses, les anecdotes sur la vie qu’on y menait racontent une société loin de la violence des premières décennies du XXe siècle. Caprice d’une petite fille riche qui n’a pas grand chose à penser ? J'en suis sorti avec cette impression."

Le grand hall dessert la plupart des autres pièces en partie grâce à sa tribune à mi-hauteur. Dans ses appartements, Béatrix a laissé libre cour à sa passion pour le siècle des Lumières, cet esprit français du XVIIIe, si cher à cette nouvelle aristocratie. Ainsi le Grand salon est orné de boiseries peintes du XVIIIe. Le tapis de la Savonnerie, orné du monogramme de Louis XV, provient de la chapelle royale de Versailles et une table de jeu est un cadeau de Marie-Antoinette à une amie.

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Le petit salon pour des conversations intimes.

« Je revois le visage de Mme Maurice Éphrussi, née de Rothschild, un visage aux traits fins encadré de cheveux d’argent. Elle était toujours vêtue de bleu Nattier, un ruban de même couleur retenant ses boucles. […] Mme Éphrussi vivait très simplement en dépit de sa grande fortune. On murmurait en effet qu’elle avait un grand souci d’économie, cependant il lui arrivait de convier ses amis à de fastueuses soirées et je me souviens d’une nuit d’été, où nous eûmes le privilège de voir, dans les jardins de son hôtel dessinés à la française, et baignés de clair de lune, la Pavlova danser sur des nocturnes de Chopin. » Mon Paris et ses parisiens André de Fouquières

Depuis la terrasse, vue sur la Méditerranée.

Au premier étage, le Salon des porcelaines présente un assortiment riche en pièces de Sèvre et de Vincennes, l’un des vases ayant appartenu à la marquise de Pompadour. Le Salon des singeries présente une belle collection de ces singes musiciens exécutés vers 1740 qui serait une caricature de la cour de Saxe. N’oublions pas le goût de la baronne pour les chinoiseries dont témoigne son salon d’art d’Extrême-Orient avec ses portes laque et or provenant du Palais Impérial de Pékin. Amoureuse d’un art de vivre un peu passé, la baronne est aussi sensible aux atouts de la modernité.

La villa est équipée en électricité, chauffage à air chaud, ascenseur et pas moins de huit salles de bain avec eau courante…sans oublier le téléphone ! Si Beatrix supervise chaque mètre carré de sa villa, elle n’en néglige pas pour autant son – on devrait plutôt écrire – ses jardins. Le Petit Niçois du 15 octobre 1909 commente… « Depuis deux ans, architectes, maçons, maîtres paysagistes secondés par une armée de jardiniers ont fait surgir du sol des terrasses, y ont pratiqué une immense esplanade, y ont creusé des bassins, planté des charmilles, édifié des temples antiques dont le marbre blanc se marie heureusement avec la courbe des pins parasols, fait pleurer des fontaines du style le plus pur. »

Sur cet éperon rocheux qui avance comme la proue d’un navire cerné par la mer, la maîtresse des lieux a imaginé cent natures différentes. Le jardin à la française est le plus important. Situé dans le prolongement de la villa, son temple d’amour s’inspire de celui du Trianon de Versailles et domine une cascade à degrés. En contrebas, s’étagent le jardin japonais, la roseraie, le parc naturel ou encore le clos hispano-mauresque. Là, de grandes volières abritent alors une foultitude d’oiseaux parmi lesquels flamants roses et ibis, mais aussi deux singes. De nos jours, les aménagements extérieurs ont quelque peu évolué, mais les jardiniers qui se sont succédés ont gardé l’âme de ces jardins baignés de soleil et suspendus au-dessus des flots méditerranéens.

La richesse donne le pouvoir de ne s’attacher à rien. Dès 1916, la « petite fille riche » se lasse de sa villa, où elle ne revient plus que périodiquement. Elle préfère s’installer à l’Hôtel de Paris à Monaco (où elle est pourtant propriétaire de quatre domaines), qui lui permet de s’adonner à son passe-temps favori, le casino. A sa mort, en 1934, Béatric de Rotschild lègue sa villa et les collections qui s’y trouvent, à l‘Académie des Beaux-arts afin qu’elle devienne un musée. Dans son testament, elle précise d’en « garder l’esprit d’un salon ».

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Inspiré des villas de La Renaissance, le patio était le lieu des réceptions de la baronne.

LeS PLAISIRS DE LA VILLA

VOS SOIRÉES MUSICALES : Il se passe toujours quelque chose à la villa, qu’il s’agisse en hiver des Soirées musicales ou en été du festival d’opéra les Azuriales 

LE SALON DE THÉ-RESTAURANT : Dans l’ancienne salle à manger, le salon de thé-restaurant domine de sa terrasse la baie de Villefranche. Profitez d’une pause gourmande dans ce havre de paix à la vue imprenable. À l’heure du déjeuner, le salon de thé sert des repas légers.
À la belle saison, prenez place sous les orangers de la terrasse.

SE RENSEIGNER : Sur le site de la Villa et sur le site de la destination Côte d’Azur.

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