Voyage Grand format
AU COEUR DU CAUCASE, LA GÉORGIE, ANCIEN PAYS DU BLOC SOVIÉTIQUE, OUVRE SES PORTES À UN TOURSIME AVIDE DE NATURE SAUVAGE ET DE GRANDE HISTOIRE
Elle est un immense serpent qui ondoie le long des flancs montagneux, l’un de ces monstres des légendes caucasiennes. On la nomme la Route de la mort. Pourtant tout commence bien, dans un environnement de forêt, longeant un fringant ruisseau de montagne aux eaux claires et bouillonnantes. Mais bientôt la piste quitte la protection des grands arbres, elle s’agrippe aux parois, défiant le vide à chaque virage. Les à-pics se rient de nos sueurs lorsque nous croisons un camion crachotant une épaisse fumée grise. On nous avait prévenus, une centaine de kilomètres à la vitesse moyenne de 20 km/h… La Touchétie se gagne à ce prix. Cette région, une des plus reculées du Grand Caucase, perche ses vallées à plus de 1600 mètres d’altitude. Perdue au bout d’une route sans autre issue, quasiment vierge d’habitants durant les mois d’hivers, période durant laquelle la piste perdue sous les neiges est impraticable, elle est un cul-de-sac resté à l’écart, une terre de pâturage et d’estive pour les bergers aux mains calleuses et au regard franc.
Durant la période soviétique, la Touchétie s’est dépeuplée, belle endormie qui a vu son patrimoine architectural se ruiner. Les moutons et les chèvres appartiennent toujours à ces paysages de vallées verdoyantes et de forêts d’altitude, où l’ours et le loup ont encore leur place. Mais depuis les années 2000, la région s’est trouvée un nouvel allié économique, le trek, et ses sentes sont désormais fréquentées par des randonneurs de tous pays. « Nous accueillons des marcheurs du monde entier. Mon fils s’occupe des transferts depuis la vallée et une bonne partie des légumes et de la viande est produite sur place. Grâce au tourisme, le village est sorti de la misère», explique, une tasse d’infusion de sarriette fumante devant elle, Tsilia Bakhturidzé, une des premières habitantes d’Omalo à avoir ouvert une maison d’hôtes.
PARTIR EN GÉORGIE
Le groupe UCPA propose un beau tour d’une quinzaine de jours en Géorgie, qui allie marche à pied et itinérance pour découvrir les vallées perdues de la Touchétie, les monastères troglodytes et le vin de Kakhétie.
Perchée sur son promontoire avec en fond le mont Kazbek, l’église de Gergéti (ou Guerguéti) est l’un des plus beaux spots de la Géorgie.
Et quelle maison ! Une véritable tour en pierre sèche datée de XVIIe siècle. «Autrefois les paysans possédaient deux types d’habitat, explique Nugzar Idoidzé, ancien historien et enfant du pays. Des fermes dans la vallée pour l’hiver, et sur les hauteurs, des maisons-tours. Elles servaient de refuge, on peut même dire de place-forte, en été, lorsque des bandes de pillards venues des contrées voisines déferlaient sur nos vallées.»
Terre de tourisme, la Géorgie l’a toujours été. Au temps de l’URSS, sa côte sur la mer Noire fut une Riviera pour riches Soviétiques. Mais elle possède bien d’autres atouts. Fille des Grand et Petit Caucase, elle est flanquée de sommets de plus 5 000 mètres qui veillent sur des terres encore vierges et sur un patrimoine architectural principalement religieux, qui raconte une histoire longue et tourmentée. Les écrits veulent que ce soit Sainte Nino qui ait converti au christianisme le roi et la reine d’Ibérie, la partie orientale de l’actuelle Géorgie, dès 327. Dans leur capitale, Mtskheta, s’éleva la première église chrétienne du pays.
"Impossible d'oublier ce hameau perdu en Touchétie, où les bergers nous ont invités à partager leur Supra et les nombreux toast arrosés au chacha. On a repris la marche un peu plus joyeusement... L'accueil a partout été formidable et les paysages du Caucase sont juste grandioses."
L’actuelle cathédrale de Svetitskhoveli a remplacé depuis le Xe siècle ce premier bâtiment religieux, mais elle continue d’être le chœur de la foi orthodoxe. Dominant la petite ville, le monastère de Djari est lui aussi cher au cœur des Géorgiens. Non seulement parce que Sainte Nino aurait ici planté sa croix, mais aussi parce que l’accès au site, sis dans un terrain militaire, fut tout simplement interdit durant la période soviétique. Djari est devenu un symbole de l’Indépendance.
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Au bout d’une route où cahotent quelques vielles Lada, qui traverse la steppe aride sous un ciel lourd, se trouve l’un des sites les plus remarquables de Géorgie. La fondation du centre monastique David Gareji date de la première moitié du VIe siècle. Creusés dans une falaise qui domine la plaine de l’Azerbaïdjan, des dizaines de monastères rupestres décorés de fresques défient le temps. Durant leur âge d’or, entre les Xe et XIIIe siècles, ces monastères étaient fréquentés par les rois. Plusieurs ont été représentés aux côtés des saints. La valeur patrimoniale du site en fait un des trésors géorgiens reconnus par l’Unesco.
Qu’il soit ou non fondés sur d’anciens lieux de cultes païens, les édifices chrétiens ont l’art de s’inscrire dans des lieux rares. Figé sur son promontoire à plus de 2 000 mètres d’altitude, le petit monastère de la Trinité de Guerguéti doit sa réputation au cadre juste grandiose dans lequel il se trouve. S’il est facile de louer les services d’un 4X4, la marche de 2 à 3 heures pour l’atteindre est de toute beauté. Juste en face, le fameux volcan Kazbek (5047 m), le second plus haut sommet de Géorgie, dont les neiges éternelles forment des glaciers. Sur ses hauteurs, chaque jour, Prométhée enchaîné par Zeus voit son foie dévoré par un vautour… En fait, la mythologie grecque se confond ici avec celle d’un héros local, Amirani, qui connut un sort assez semblable.
Si les Géorgiens sont fiers de leur architecture religieuse, il y a une chose qui les rend plus fiers encore (surtout devant des Français) : ils sont les premiers vignerons ! Des jarres ayant contenu du vin et datées de plus de 8 000 ans ont été découvertes dans le centre du pays. Ce qui en fait les plus anciennes traces de vinification connues. «La méthode géorgienne, explique Zaza Kilashvili, façonneur de jarres et de vin, consiste à fermenter le raisin une fois foulé dans des jarres d’argile géantes. D’une contenance de 300 à 500 litres, ces jarres, appelées Kvevris, sont enfouies dans le sol et le vin peut y être conservé de quelques mois à plusieurs années.»
Surtout n’apportez pas de vin lorsque que vous êtes convié à diner, votre hôte serait vexé de ne pouvoir vous faire goûter sa production. En Géorgie et principalement dans les régions viticoles, comme la Kakhétie, de nombreux foyers font encore leur vin de manière traditionnelle. Une tradition aujourd’hui reconnue par l’Unesco comme patrimoine immatériel de l’humanité et à consommer avec modération, mais un pays à découvrir sans retenue !
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La vinification traditionnelle se fait dans de grandes jarres enterrées appelées Qvevri. Chacune peut contenir jusqu’à 500 litres.
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SE RENSEIGNER : Il n’y a pas d’office de tourisme de Géorgie en France. Pour obtenir des renseignements, il faut consulter le site (en anglais) du Georgian National Tourism administration.
VISA : Pas de visa pour les citoyens de l’UE. Seul un passeport en cours de validité est nécessaire.
GUIDE : Le guide « Le petit Futé » sur la Georgie est un bon accompagnateur, même si certaines informations, comme l’absence d’électricité en Touchétie, date un peu.
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