Aux parfums !

Voyage Grand format

EN PAYS DE GRASSE, L’ART DU PARFUM VIENT D’ÊTRE INSCRIT AU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL DE L’HUMANITÉ. L’OCCASION D’ EXPLORER TOUTES LES FRAGRANCES DE CE VILLAGE PERCHÉ AU-DESSUS DES FLOTS DE  LA CÔTE D’AZUR.

Imaginez-vous devant un orgue, non pas un orgue à tuyaux, mais un orgue à parfums. Face à vous plus de 120 fioles aux noms évocateurs de santal exotique, jasmin musqué, pivoine ou lotus… Elles s’étalent sur trois étages, rangés selon qu’elles sont notes de tête, pour une première impression vite évaporée, notes de cœur pour vous définir plus subtilement ou notes de fond pour vous accompagner toute la journée. Vous voilà prêt à réaliser votre propre parfum en suivant les conseils de Nathalie, parfumeuse chez Galimard, l’une des plus anciennes maisons de la ville de Grasse.

L’histoire de cette ville qui domine la Baie de Cannes est intimement liée à celle des parfums. « Cette intimité, précise Muriel Courché, directrice de la communication du Pays de Grasse, repose sur trois axes : la culture des plantes à parfum, la connaissance de cette matière première et de leur transformation et l’art de la composition des parfums. N’oublions pas que, historiquement, c’est à Grasse que sont nés les nez. Ce sont ces trois pans qu’a voulu honorer l’Unesco en accordant au pays de Grasse, en novembre 2018, la distinction de patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.»

Si en France, comme dans bien des coins du monde, la cité est synonyme de parfums, Grasse n’a pas toujours senti la rose. Loin s’en faut. Durant tout le Moyen-âge, elle est réputée pour le travail du cuir. Installés place des Aires, les tanneurs rincent leurs peaux dans le canal qui traverse la ville, l’embaumant de l’odeur âcre des bêtes à peine écorchées. Avec la Renaissance, un petit air de nouveauté plane bientôt dans la ville. La mode est aux gants parfumés. Du dernier chic dans la haute société.

DÉCOUVREZ GRASSE

Prenez le temps… Grasse, c’est bien sûr la Capitale des parfums, le lieu idéal pour s’en mettre plein le nez. Mais c’est aussi une ville d’art et d’histoire. Et pour en apprécier tous les contours, une visite guidée s’impose. À réserver à l’Office du tourisme.

A l’ombre de la cathédrale Notre-Dame-du Puy, la palette des ocres des façades du coeur historique de Grasse se dévoile au soleil couchant.

Les Grassois se mettent donc au parfum. En 1614, par une lettre patente, le roi introduit le titre de « Maître Gantier-Parfumeur ». À partir du XVIIIe siècle, avant tout pour des raisons fiscales, les fragrances étant bien moins imposées que les peaux, la ville abandonne la tannerie pour  se consacrer à la parfumerie. Dès 1800, les restanques, ces parcelles soutenues par des murets, se couvrent de jasmins, d’orangers, de rosiers, de cassiers, de jonquilles… Parallèlement les techniques d’extraction des odeurs évoluent et s’industrialisent. Inventée ici, l’utilisation de solvants volatils révolutionne la parfumerie. Dans la première moitié du XXe siècle, la culture des plantes à fleurs atteint des records : 800 hectares de jasmin, 700 de roses ou 65 de tubéreuses sans compter les violettes, verveines, menthes, orangers qui embaument le pays.

À partir des années 70, la mondialisation, le développement des molécules chimiques odorantes et surtout la pression foncière (au prix de l’hectare en PACA, il est plus intéressant de vendre ses terres à un promoteur que des fleurs à un parfumeur) assèchent les champs floraux… Le coup de grâce ? Non, parce qu’il y a une chose que Grasse a conservé : son leadership dans l’extraction des odeurs et dans la fabrication des parfums.

Le mot de Jean-Philippe

"Mon premier souvenir de Grasse, je l’ai eu au Brésil, lorsqu’un vieux paysan m’a dit que ses fleurs de vanille (je crois) partaient pour Grasse. Il m’a fallu plus de vingt ans pour faire le même chemin. Mais je ne le regrette par ! Car j’y ai croisé des gens passionnés par l'aventure qu'ils menaient aujourd'hui pour faire revivre leur cité et qui les avait conduits à poser leur candidature à l'Inscription au Patrimoine mondial de l'humanité."

« Au tournant des années 2000, la quête de produits naturels et plus authentiques a poussé plusieurs grandes marques à se tourner de nouveau vers le savoir-faire local, on a même vu plusieurs nez revenir s’installer chez nous», précise Frank Raineri de Tourisme Pays de Grasse. Parallèlement l’offre d’un enseignement lié aux métiers du parfum se développe. « Nous travaillons également à la création d’une pépinière qui sera mise à la disposition des agriculteurs désireux de se lancer dans la culture de plantes à parfum», souligne Muriel Courché.

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La récolte du jasmin se fait toujours à la main.

Séchage des pétales de rose de mai.

Alambics présentés au Musée international de la Parfumerie.

Témoignages de cette vitalité retrouvée, en 2017, la production de roses a repassé la barre des 80 tonnes; en 2018 une propriété en friche depuis 40 ans a revu des plants de jasmins fleurir. Et en 2019, le plan local d’urbanisme sanctuarise 70 hectares pour les plantes à parfum…

Il fleure bon errer dans les ruelles colorées d’ocre et d’orange de la ville aux mille senteurs. Le premier arrêt est le Musée International de la Parfumerie, indispensable pour découvrir les techniques des parfumeurs de l’Egypte ancienne, sentir l’Eau de la reine de Hongrie créé en 1370 (elle lui aurait permis de rester désirable jusqu’à 70 ans) ou d’admirer l’art des flacons, promesses de tous les envoûtements. Le musée possède aussi son propre jardin, situé au pied de la cité médiévale. Prenez le temps de vous enivrer aux charmes sucrés de la Rose de mai, aux subtilités fleuries du jasmin de Grasse ou à la puissance capiteuse de la tubéreuse, ces Trois Grâces ont fait la renommée du pays et aujourd’hui encore donnent leurs notes aux plus célèbres fragrances. Les anciennes maisons, comme Galimard, Molinard ou Fragonard ouvrent également les portes de leurs ateliers et le secret de leurs distilloirs. N’hésitez pas non plus à pousser celles de ces indépendants, qui, comme Didier Gaglewski, ont un jour tout quitté pour vivre leur passion de créateur de parfums. L’odeur d’un autre fou des fragrances plane dans les ruelles, celle de Jean-Baptiste Grenouille, héros du Parfum, histoire d’un meurtrier de Patrick Süskind. Depuis la place des Aires jusqu’à la cathédrale Notre-Dame du Puy, laissez-vous conter par Laurent, guide conférencier de la ville, l’histoire de celui qui chercha le parfum absolu car qui maîtrise les odeurs, maitrise le cœur des hommes…

UN LIVRE, UNE VOIX

LE PARFUM

de Patrick Süskind – Édition Le livre de Poche

Un extrait de 3 mn lu par le comédien Jean-Paul Bordes 

« Au XVIIIe siècle vécut un homme en France, un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Suivons Jean-Baptiste Grenouille dans les rues de Grasse alors qu’un indicible parfum l’attire irrémédiablement vers un jardin… »

Ces petites fioles réservent des ivresses olfactives à consommer sans modération. Orgue à parfums du Musée international de la Parfumerie, 

Fragonard, l’enfant du pays

L’enfant du pays n’est pas parfumeur, mais peintre. C’est en 1732 que Jean-Honoré Fragonard voit le jour à Grasse. Son père y est gantier. Lorsqu’il a 6 ans, sa famille déménage à Paris, où le peintre du Verrou fera l’ensemble de sa carrière.

En 1790, il est de retour pour quelque temps à Grasse.
Hébergé dans le bel hôtel particulier de son cousin Alexandre Maubert, aujourd’hui dénommé Villa-musée Jean-Honoré Fragonard, il peint dans la cage d’escalier une étonnante décoration en trompe-l’œil. Il installe également dans le grand salon les quatre toiles connues sous le titre des Progrès de l’Amour dans le cœur d’une jeune fille, (ci-contre) commandées en 1771 puis refusées par Madame Du Barry. Exposées désormais à la Frick Collection de New-York, elles ont été remplacées par des copies. Autre lieu, le Musée Fragonard présente une quinzaine des œuvres du peintre.
Enfin ne quittez pas la ville sans avoir pénétré dans l’austère cathédrale Notre-Dame du Puy. Aux côtés de trois Rubens, on y admire Le lavement des pieds, l‘un des rares tableaux religieux de l’artiste.

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Parfumeur d'un jour

Dans le Studio des Fragrances du célèbre parfumeur Galimard, réalisez vous-même un parfum, votre parfum  unique.

Installé à un orgue de parfumeur doté de 127 notes, partez à la découverte des différents produits de base et des techniques utilisées pour les accorder. Le « Nez » vous expliquera l’architecture d’un bon parfum, avec ses notes de tête, de cœur et de fond. Vous donnerez libre cours à votre imagination en composant votre parfum sur-mesure, que vous emporterez dans un flacon personnalisé au nom de votre choix.

Votre formule unique (enregistrée dans leur base de données confidentielle) pourra être ensuite commandée par correspondance, en parfum, eau de parfum, crème pour le corps ou gel douche…

DÉCOUVRIR GRASSE.

L’office du tourisme du pays de Grasse propose non seulement de vous accompagner dans vos visites de la capitale du parfum, mais également de parcourir son « pays », un territoire et des villages vivant au rythme des fleurs. Randos à pied ou à vélo, canyoning et plaisirs de la table sont au rendez-vous.

Le Musée International de la Parfumerie, pour ses 10 ans, en 2019, a inauguré une nouvelle scénographie qui fait la part belle à des thématiques contemporaines comme l’évolution du parfum au XXIe siècle. Poursuivez votre promenade odorante dans le Jardin du Musée International de la Parfumerie. Un cadre unique pour découvrir et humer ces plantes d’ici ou d’ailleurs qui fournissent depuis des siècles les précieuses matières premières de la parfumerie : rose centifolia, jasmin, tubéreuse, lavande, géranium, genêt, oranger… 

Les parfumeurs historiques Fragonard et Galimard, témoins privilégiés de l’aventure du parfum en pays de Grasse, proposent chacun la visite gratuite de leur atelier. Une belle manière de découvrir le secret de leurs fragrances.

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Le nouveau livre de

Jean-Philippe

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