Cordouan

Ceci n’est pas un phare

Demeures d’histoire

DE MÊME QUE LA PIPE DE MAGRITTE EST BIEN PLUS QU’UNE SIMPLE PIPE, LE PHARE DE CORDOUAN N’EST PAS SEULEMENT UN PHARE, C’EST UNE OEUVRE D’ART.

Le phare de Cordouan n’est pas un phare comme les autres, c’est un palais au milieu de la mer, le rêve de re-bâtir l’une des Merveilles du monde.

Pour l’atteindre, il ne faut pas craindre de se mouiller ! L’approche se fait en navette. Dès la sortie du port de Royan, la silhouette du dernier phare gardienné de France se détache de la ligne d’horizon. Vigie posée sur la mer, immuable gardienne de l’embouchure de la Gironde, elle accompagne les marins dans les méandres mouvants de l’estuaire. L’embouchure du « fleuve de Bordeaux » est une gueule monstrueuse dont les flammes sont des courants contraires, des bancs de sables mouvants, des écueils rocailleux qui se jouent deux fois par jour du flux et du jusant des eaux de l’estuaire. 

A l’époque où se développe le port de Bordeaux, la passe est dangereuse et les naufrages fréquents. Au XIVe siècle, Édouard Plantagenêt, prince de Galles et d’Aquitaine, fait ériger sur une île rocailleuse de l’embouchure une tour à feu de 16 à 18 mètres de haut entretenue par les ermites vivants dans ce « désert ». Désert dont ils finissent par se lasser. Alerté, Henri III, roi de France, demande à l’un de ses architectes de remettre le feu en marche. Homme de la Renaissance, Louis de Foix rêve d’Antique et conçoit son amer à l’image d’un nouveau phare d’Alexandrie. Commencée en 1584, la construction s’achève 27 ans plus tard. Pensé comme une résidence souveraine, le phare n’éclaire pas uniquement les eaux troubles de la Gironde, mais affirme la puissance royale et nationale à tous ceux qui croisent ses flots impétueux.

EMBARQUER POUR LE PHARE DE CORDOUAN

La visite du phare de Cordouan est possible du mois d’avril à la Toussaint. Le trajet dure environ 45 mn et les horaires changent quotidiennement au rythme des marées. Des départs de chaque rive de l’estuaire sont organisés tous les jours en saison depuis les ports de Royan et du Verdon-sur-mer.

Pour atteindre le sommet du phare et découvrir une vue unique sur l’estuaire de la Gironde, il faut affronter les 301 marches de l’escalier en colimaçon…

Haute de 37 mètres, la tour s’élève sur deux étages surmontés d’un lanternon où brille le fanal, un lanternon que n’épargnent ni les tempêtes ni la foudre. Durant les siècles suivants, Bordeaux devient l’un des plus importants ports français. Pour répondre aux besoins de la navigation moderne, la lumière du phare doit être rehaussée. Ces travaux de surélévation débutent en 1788. Joseph Teulère, architecte, a choisi de conserver le palais marin de son prédécesseur et de  le surmonter d’un fût de quatre étages et de 18 mètres. Dans un souci d’harmonie, il emprunte une partie du vocabulaire architectural à La Renaissance, les frontons triangulaires notamment. Le phare des Rois devient le Roi des phares.

Dés la réservation de la traversée auprès du croisiériste, les passagers sont prévenus : chaussures et vêtements qui ne craignent pas l’eau fortement conseillés ! Après trois-quart d’heure de navigation, Le Cap Cordouan débarque ses visiteurs sur un banc de sable à quelques encâblures du phare. Pour rejoindre la jetée, il faut traverser les nombreuses flaques oubliées par la marée et s’aventurer sur le plateau rocheux sans craindre de s’enfoncer dans l’eau jusqu’aux cuisses… 

Le mot de Jean-Philippe

"Habitué à prendre le bac qui traverse l’embouchure de la Gironde, j’ai longtemps considéré Cordouan comme un phare parmi d’autres. Et même si je savais qu’on le surnommait le Roi des phares ou le Phare des rois, je pensais l’appellation avant tout commerciale. Erreur ! C’est un palais, une tour, une cathédrale, une prouesse architecturale. Le phare de Cordouan est unique et il mérite bien qu’on se mouille un peu pour l’approcher."

Dès l’entrée franchie, le plus vieux des phares français encore en activité impose sa véritable identité. Son portique monumental couronné d’un fronton orné d’une tête de Neptune et flanqué de deux niches qui accueillaient à l’origine des bustes royaux est bien celui d’un palais. Des colonnes toscanes soulignent l’élévation de la pierre alors que des figures de lions, de méduses et de chimères ornent sa façade.

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Haut de 67,50 mètres… au-dessus du niveau de la mer.

Salle lambrissée à la disposition des ingénieurs qui venaient contrôler le phare.

Le premier phare est terminé en 1611 dans un style purement Renaissance. 

Pierre, notre guide, est l’un des quatre gardiens du phare, le seul et dernier à de France rester encore quotidiennement sous la vigilance humaine. « Notre présence ici est liée à la nature de monument historique, nous assurons la surveillance, l’entretien quotidien et l’accueil des visiteurs. Si vous voulez bien me suivre… Les plus courageux devront affronter les 301 marches jusqu’à la lanterne.« 

Le premier étage est la chambre du roi. Richement décorée, elle porte encore les initiales de Louis XIV et de son épouse Marie-Thérèse d’Autriche. « Mais ni le roi Soleil ni aucun autre souverain n’y ont jamais mis les pieds. » Quelques marches et nous voilà dans une chapelle, la seule au monde dans un phare. Elle a conservé une belle coupole à caissons peints. « Elle est toujours consacrée et une ou deux fois par an, s’y déroulent des cérémonies. On peut même s’y marier, mais c’est rare, car si les conditions climatiques ne permettent pas de rejoindre le phare, votre mariage tombe à l’eau ! « . L’ascension continue ensuite dans la tour du XVIIIe siècle, aux décors plus sobres, mais dont l’élégance n’a rien à envier aux parties basses.

Au sommet, à 67 mètres du niveau de la mer, le faisceau de la lanterne porte sur 36 kilomètres. Une lanterne qui a révolutionné le monde. En 1823 l’ingénieur des Ponts Augustin Fresnel testa ici, pour la première fois, son prototype de lentilles à échelons qui réduisait considérablement les pertes de lumière. Une technique qui a révolutionné l’éclairage côtier dans le monde entier ! En voyant sa droiture disparaître dans la brume du soir, on comprend que le phare des Rois est certes une vigie pour les marins, mais aussi une petite lumière qui scintille dans la grande Histoire.

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La chapelle, au sol en marbre, est la seule située dans un phare. Des cultes y sont encore célébrées…  au rythme des marées.

MON AMI LE PEINTRE

Mon ami Oliver est peintre. Quand je l’ai connu, il était chef d’orchestre. Aujourd’hui il vit à Montalivet-les-Bains, en Gironde, il peint les gens qui l’entourent, les bords de l’océan, mais surtout il peint l’architecture, les villes et les bâtiments. 

C’est chez lui que j’ai approché pour la première fois le Phare de Cordouan. Je crois que c’est son œuvre maitresse, non par l’importance qu’elle représente pour son travail d’artiste, mais par le nombre de toiles. Il l’a représenté tant de fois, par tous les temps, dans tous les formats, des plus réalistes au plus imaginaires.

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Soutenez la candidature du PHARE DE CORDOUAN

Et si le phare de Cordouan entrait dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco ?

Véritable chef-d’œuvre d’architecture construit en pleine mer, il a été pensé à la fois comme un ouvrage de signalisation maritime et comme un monument digne des anciennes Merveilles du Monde.

Témoin de l’ingéniosité des hommes à construire un édifice artistique au sein d’un environnement maritime inhospitalier, le phare représente à lui seul les grandes phases de l’histoire des phares, il a donc sa place aux côtés des plus grandes œuvres de l’humanité.

Pour soutenir sa candidature

DÉCOUVRIR LE PHARE DE CORDOUAN

INFOS. Le site du Phare de Cordouan

Y ALLER. Le Phare se trouve à 7 km des côtes. La traversée dure environ 45 mn. Les horaires changent quotidiennement au rythme des marées. Des départs de chaque rive de l’estuaire sont organisés tous les jours en saison depuis les ports de Royan et du Verdon-sur-mer.

Visiter le plus vieux phare de France encore en activité est possible du mois d’avril à la Toussaint.

Réservez vos places auprès des compagnies de transport agréées, La Bohème et La Sirène qui assurent la traversée.

LA VISITE

Les conditions de débarquement varient en fonction de la météo, du vent, des coefficients de marées… Le capitaine du bateau fait son possible pour débarquer les passagers au plus près du phare, mais dans la majorité des cas, une partie du trajet (15 à 20 mn) est à effectuer à pied sur le sable, dans l’eau (jusqu’à mi-cuisse) et parfois sur des rochers glissants.
Il est donc impératif d’être équipé de chaussures (sandales en plastique ou vieille paire de basket) et de vêtements adaptés. 

L’accès à la tour est contingenté (30 ou 49 personnes en fonction des configurations) et peut être limité à 30 mn. Les visiteurs peuvent alors être appelés à patienter avant d’accéder à cette partie du phare. Les gardiens qui vous accueilleront tâcheront d’adapter au mieux la durée de votre visite en fonction de l’affluence.

POUR COMPLÉTER SA VISITE

Rendez-vous au Musée du phare de Cordouan et des phares et balises, situé dans les locaux du phare de Grave, à la pointe du même nom, sur le territoire de la commune du Verdon.

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