BERRY
Entre le Cher et l’Indre, Bourges et Châteauroux, la verte province du Berry compte 37 habitants au km2 (contre 20 755 à Paris). Le bon profil pour un été déconfiné! Venez découvrir mes jardins « coup de coeur » au pays de George Sand.
De la cathédrale Saint-Etienne de Bourges, comptez 12 minutes à pied pour rejoindre les jardins des Marais. Au Moyen Âge, ces terrains marécageux assuraient la défense de la ville. Assainis au XVIIème siècle par les Jésuites, qui les louaient alors à des maraîchers, cette zone naturelle de 135 hectares forme aujourd’hui le poumon vert de la ville. Entre ses canaux, se serrent plus de mille jardins privés…
Ici, on circule en « plate » ou à pied, sur les chemins aménagés dans le marais bas.
Aux marais, nombre de Berruyers (les habitants de Bourges) ont leur potager ou leur petit coin de jardin, avec cabanon, parasol et nains barbus assortis.
Il y a quelques années, Guillaume Lajoinie a plaqué son boulot de « conseiller en grande culture » (sic) pour lancer sa petite entreprise, Le Goût du Marais. Sur les terres riches en limon de ses trois parcelles, il a relancé la production de fruits et légumes bio maraîchers : navets, salades, carottes, oignons, rhubarbe, cassis, framboises, fleurs coupées, vendus sur place, au détail ou au panier.
Foie gras, champignons sautés, camomille… Les légumes des marais de Bourges se savourent aussi à la table étoilée des chefs Christophe Lot et Pascal Chaupitre : Le Cercle. Un restaurant côté jardin, aménagé dans l’ex-cercle des officiers de l’arsenal de Bourges.
Après la balade au vert, ne manquez pas les maisons à pans de bois et la cathédrale gothique du vieux Bourges. C’est la plus large de France et elle a gardé ses vitraux d’origine du XIIIe siècle.
A 50 km au sud de Bourges, au village de Maisonnais, le Prieuré d’Orsan se blottit au fond d’une vallée boisée. Fondé au XIIe siècle par Robert d’Arbrissel, le créateur de l’abbaye de Fontevraud, le domaine dut sa prospérité aux abbesses, qui le dirigèrent jusqu’à la Révolution.
En 1990, un couple d’architectes a restauré les lieux, livrés à l’abandon, pour y recréer des jardins clos d’inspiration monastique médiévale.
Autour du cloître de charmille, le visiteur découvre aujourd’hui l’herbularium et ses plantes médicinales, les vergers de fruitiers, la roseraie de Marie…
Cultivés dans le respect de la bio-diversité, les Jardins d’Orsan sont un petit paradis pour les flâneurs… et pour les oiseaux. De clos en allées, accrochés aux bâtiments ou suspendus aux arbres, nichoirs et mangeoires fabriqués par les jardiniers les accueillent. Saurez-vous repérer l’accenteur mouchet, le bruant jaune, le troglodyte mignon?
Structure en bois de châtaignier tressé au potager-labyrinthe. De mai à septembre, l’équipe des jardiniers propose des ateliers « bois et tressage » pour apprendre à réaliser plessis, barrières, cloches ou pyramides qui viendront orner vos jardins.
Les pommiers palissés profitent de la chaleur emmagasinée par les vieux murs.
A 35 km de Châteauroux, au village de Nohant-Vic, la Maison de George Sand offre une douce escapade littéraire, entre salons d’époque et jardin bouquetier. Offrez-vous une visite guidée, elles sont top!
Née Aurore Dupin en 1804, George Sand a grandi dans la propriété familiale de Nohant et a hérité de la maison de sa grand-mère à l’âge de 17 ans. C’est là qu’elle passait sa vie, entre deux allers-retours à la capitale. Les salons meublés à la mode de l’époque, la cuisine campagnarde aux gros fourneaux, le petit théâtre de marionnettes où elle organisait des spectacles avec son fils Maurice, le joli bureau en marquetterie de bois où elle écrivait, tout est resté intact…
Le bureau de George Sand, sa malle et son chapeau de paille, comme si elle avait quitté les lieux hier …
80 romans, 25 pièces de théâtre, 1000 articles de presse, 20 000 lettres de correspondance… George Sand avait un avis sur tout et écrivait beaucoup. Eprise de son cher Nohant, elle l’évoque souvent dans Histoire de ma vie (1855). Un recueil épistolaire à mi-chemin entre histoire familiale et document social.
Au pied de la maison de Nohant, se déploie un jardin bouquetier, un potager, une roseraie entourée de buis. Passionnée de botanique, George Sand y faisait de son temps des expériences d’acclimatation des plantes. Ce jardin rustique exprime sa philosophie à l’égard de la nature, qu’elle aimait sauvage, à peine domestiquée par la main de l’homme. « Laissez verdure« , disait-elle…
Les ruelles de Nohant portent les noms des romans de Sand…
Dans la vallée de la Creuse, au sud du Berry, Gargilesse-Dampierre est classé parmi les plus beaux villages de France. Des toits pentus serrés autour du château, une vieille église, des galeries d’artistes… Dans le sillage de George Sand, qui adorait venir ici herboriser et chasser les papillons, nombre de peintres ont posé leur chevalet dans la vallée au début du XXe siècle.
Perché sur un piton de schiste, au pied d’une rivière, le site de Gargilesse fut fortifié dés le VIIIe siècle. L’actuel château, reconstruit en 1750, abrite une galerie d’art dédiée aux peintres de la Vallée de la Creuse.
La Passagère (Dysgonia algira) n’est qu’un modeste papillon de nuit. Mais il fut découvert lors d’une promenade à Gargilesse par George Sand. La romancière a donné son nom à la Villa Algira, la petite maison où elle venait parfois se réfugier au village.
Gargilesse vu par le peintre franco-suédois et maître de l’expressionisme Anders Osterlind (1887-1960), grand admirateur de Cézanne.
A 10 km de Valençay, le Domaine de Poulaines doit son nom à la rivière qui le traverse. Au pied de son manoir Renaissance, restauré de pied en cap, ce jardin classé remarquable se blottit au coeur de 25 ha de bois et abrite des « chambres de verdure » et un arboretum aux 300 espèces rares…
Propriétaire du domaine depuis 1991, Valérie Esnault a reconstitué les terres morcelées à la Révolution et suivi des cours de botanique pour créer les différents espaces du jardin. Petite balade avec June, sa bergère australienne, le long du chemin d’eau « al andalus » bordé d’iris, de lavandes, de cerisiers.
En bordure de ruisseau, le parc à l’anglaise mène vers l’Arboretum, un conservatoire botanique accueillant 300 espèces étiquetées, comme l’érable rouge (acer rubrum) ou le cornouillier (cornus).
Restaurés dans les règles de l’art, le manoir et le pigeonnier ont retrouvé leur lustre du XVIe siècle, quand ils appartenaient encore aux seigneurs du Bois.
A 3 km de Nohant-Vic, les céramistes Elisabeth et Vincent Portier vous accueillent dans l’ancien relais de poste de Saint-Chartier, devenu maison & table d’hôtes de charme. Au menu, 3 chambres et un salon tout en poutres et tomettes, un paisible jardin clos et un potager « à cueillir ».
12 rue des Maîtres Sonneurs, 36400 Saint-Chartier
A 30 km du Domaine de Poulaines, Hervé Thomas a repris en main l’ancien presbytère du village d’Ecueillé. Meubles de brocante, velours drapés, poëles en faïence… Des 3 chambres au jardin, ouvrant sur l’église romane du XIIe siècle, sa maison d’hôtes évoque un cabinet de curiosités.
29 rue de la Vieille Église, 36240 Écueillé
A u sud de Paris, l’ancienne province française du Berry se partage entre deux départements, l’Indre et le Cher. Le site Berry Province propose des idées de séjours, d’hébergements, de visites, d’activités…
De Paris à Bourges, 2 h 45 en voiture via la A10 et la A71 ou
train AR Paris Austerlitz-Bourges (2 h 15). Infos sur Oui Sncf