Voyage Grand format
AU CŒUR DU SAHARA, L’ATAKOR EST UN DÉSERT DE PIERRE AUX PAYSAGES BRUTS ET SPECTACULAIRES QU’IL FAUT ARPENTER À PIED COMME LE FIT LE PÈRE DE FOUCAULT, IL Y A PLUS D’UN SIÈCLE.
À peine osons-nous sortir le bout du nez du sac de couchage. La lumière un peu grise est celle d’une fraîcheur matinale. Et le verdict tombe. Moins trois degrés Celsius. Patience, nous avons un allié de poids. Dans moins d’une heure, l’implacable soleil saharien aura totalement réchauffé le désert. Sans bouger, nous jouissons du spectacle des grandes parois minérales qui, face à nous, les unes après les autres, s’éclairent comme frappées par un puissant projecteur. Une nouvelle journée commence dans l’Atakor. L’odeur du café et du thé a eu raison des plus frileux. Alors que nous terminons notre repas du matin, les hommes reviennent avec leurs « chameaux ». Si c’est le terme qui le désigne dans tout le Sahara, c’est bien de dromadaires qu’il s’agit. Le vaisseau des déserts africains n’a qu’une seule bosse.
Avec un râle de protestation qui sied à son allure hautaine, l’animal de bât concède à s’agenouiller. Chacun portera en moyenne 80 kilos, nous délestant de nos bagages et se chargeant de notre nourriture et de notre eau pour la durée du trek. À huit heures, Shérif donne le signal du départ. La marche se fait sous la conduite d’un Touareg. Nombre d’entre eux mettent leur connaissance du terrain au service des touristes. Eux seuls peuvent les guider dans ce dédale de pierre et ce labyrinthe de sentiers caravaniers que leurs pères et leurs grands-pères empruntaient autrefois en longues méharées. D’une altitude moyenne de 2 000 mètres, le massif de l’Atakor est le coeur du Hoggar algérien, région montagneuse du Sahara. Son nom, qui signifierait « nœud », désigne un univers rocailleux de basalte et de granites ocre ou bruns virant parfois au rose.
PARTIR POUR LE SUD ALGÉRIEN
Le Ministère français des affaires étrangères déconseille fortement de se rendre dans les régions de Djanet et de Tamanrasset. Cependant les autorités locales les considèrent suffisamment sûres pour y autoriser les voyages. Plusieurs agences, dont Horizons Nomades, y organisent des treks.
L’Atakor est un plateau volcanique et le massif le plus élevé du Hoggar. Sa hauteur moyenne se situe à 2 000 mètres d’altitude. On est si peu de chose…
Nés de la fureur de La Terre, les pics et les monts qui nous entourent sont les vestiges d’anciens volcans et de coulées de lave que le climat aride continue de façonner.
Au cours de ses pérégrinations, la file des marcheurs traverse de hauts plateaux jonchés de pierres noires, suit le lit sableux d’une rivière, contourne des pitons acérés. Marcher dans un désert n’est jamais anodin. Shérif dit « qu’ici chaque pas ne te rapproche que de toi-même« , tant il est vrai que dans cet environnement qui paraît immuable, l’esprit finit par flâner dans ses propres cheminements. Et puis au détour d’un col, l’immensité que l’on vient de parcourir se dévoile. Un sentiment de fierté se mêle à la plénitude d’être là. Parfois, un traquet, petit oiseau noir et blanc, s’approche, curieux de cette longue procession alors que quelques hardes d’ânes sauvages préfèrent garder leurs distances.
« L’Atakor est un paysage à penser. Je sais, vous allez me dire qu’on peut l’écrire de tous les déserts, mais l’âpre minéralité de ce massif et la quête de l’Assekrem favorise un certain vagabondage mental. »
Soudain, Shérif quitte la voie principale. Après avoir escaladé une coulée granitique, notre guide désigne, à l’abri d’une roche, la figure d’un taureau. Les peintures rupestres datées généralement entre 5 000 et 1 000 ans évoquent un Sahara plus humide. Ailleurs, ce sont des éléphants, des girafes, des autruches que les chasseurs du néolithique ont gravés dans la roche, peut-être pour immortaliser leurs rêves chamaniques ou cynégétique.
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Après 5 à 6 heures de marche quotidienne, nous parvenons au campement. Hier, un cirque minéral à la beauté austère. Ce soir, une gorge riante de la Taessa qui dévoile d’improbables résurgences d’eau, les gueltas et leur végétation d’oliviers et de lauriers en fleurs. La nuit tombe vite sur le désert. C’est l’heure où s’allume l’unique feu. Celui destiné au thé ; deux théières et trois verres pour chacun, du plus amer au plus doux, accompagnés de dattes fraîches. Pas question en revanche de cuisiner sur l’âtre. Dans un environnement fragilisé par la désertification, le bois est trop précieux. Le gaz, moins romantique mais plus écolo, mijotera la viande pour le couscous et les légumes pour la soupe.
Une fois encore, pour nous gaver de l’espace où nous sommes, nous nous endormons la tête face aux étoiles. La lune est encore présente lorsque nous empruntons le chemin sinueux qui monte vers l’Assekrem, à 2 728 mètres d’altitude. Une petite demi-heure de marche pour parvenir au sommet de ce plateau que le Père Charles de Foucault avait choisi, en 1910, pour être plus près de Dieu. « J’ai peine à détacher mes yeux de cette vue admirable, dont la beauté et l’impression d’infini rapprochent tant du Créateur. » Adossés au minuscule ermitage battu par les vents, quelques pèlerins, quelques marcheurs contemplent le soleil se lever sur cette forêt de pics et d’aiguilles rocheuses.
70 histoires vraies qui parlent
d’empathie, d’entraide et
d’amitié.
Ce paysage unique est celui devant lequel méditait chaque jour le père de Foucault depuis son ermitage situé sur le plateau de l’Assekrem.
PARTIR DANS LE HOGGAR
Renseignements : sur le site officiel de l’Office du tourisme algérien.
Vols : Au départ de Paris, plusieurs compagnies régulières permettent de rejoindre Tamanrasset. Des lignes directes entre la France et Tamanrasset permettent de se retrouver au coeur du désert du Hoggar en quelques heures, sans avoir à faire escale à Alger ou dans une autre ville.
Les mois septembre à décembre sont conseillés et si les nuits peuvent être fraîches et descendre sous zéro, la température diurne entre 20 et 30°C est agréable pour marche.
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